Les «événements» s'accélèrent en Syrie où la contestation du régime entamera, aujourd'hui, son troisième mois. A New York, au siège du Conseil de sécurité, la France et le Royaume-Uni seraient proches des neuf voix nécessaires pour adopter une résolution condamnant formellement le régime syrien après les manifestations qui auraient fait, selon l'ONU, plus de 850 morts et provoqué 8.000 arrestations, à travers le pays. Damas qui fait état régulièrement de tirs de «bandes terroristes armés» sur ses soldats et les civils dément les informations et les témoignages qui font état de l'existence de toute fosse commune à Deraa, une ville investie, le 25 avril par l'armée pour mater la contestation, avant d'entamer son retrait, le 5 mai. Lundi, le militant Ammar Qurabi, de l'Organisation nationale pour les droits de l'Homme en Syrie, avait fait état de la découverte de deux «fosses communes» dans la Vieille ville. «L'une contenait 24 corps et l'autre sept» dit-il, appelant les autorités à ouvrir une enquête. «Ces informations ne correspondent pas à la réalité. Elles font partie de la campagne de calomnie menée contre la Syrie en vue de torpiller la stabilité et la sécurité dans le pays par certaines chaînes de télévision et médias», annonce un communiqué de l'Intérieur. L'archevêque de Damas, Mgr Gregorios Elias, cité par les services de presse du Vatican, entre en scène à son tour. «Ce qui se passe dans le pays et les événements de ces dernières semaines est un complot tissé par des forces extérieures. C'est une tentative claire de coloniser de nouveau» la Syrie, dit-il pointant du doigt les «extrémistes qui se sont infiltrés» dans le pays. Faisait-il allusion aux Frères musulmans ? L'opposition, dont cinq responsables issus des différentes régions du pays, ont rencontré, hier, à Vienne sous l'égide du parti d'extrême droite autrichien FPÖ, Ayoob Kara, envoyé spécial du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, pour parler, selon Karl-Heinz Grünsteidl, un porte-parole du FPÖ, de «la pacification de la Syrie» dans «la perspective de l'après-Assad», a lancé un appel à une grève générale pour aujourd'hui. «Faisons de ce mercredi, une journée de punition, un vendredi (jour habituel de manifestations), avec des manifestations massives, pas d'école, pas d'université, pas de commerce ou de restaurant ouverts et même pas de taxis» peut-on lire dans le communiqué publié sur la page Facebook de «Syrian Revolution 2011», le moteur du mouvement de contestation lancé à la mi-mars contre le régime du président Bachar al-Assad. La Russie, le grand allié de la Syrie, redoute un remake du «scénario libyen» avec des acteurs étrangers. Il demande à l'opposition de cesser de ralentir le processus de réconciliation avec l'intention d'attirer des forces étrangères pour soutenir leurs actions. La situation est «extrêmement alarmante», déclare Catherine Ashton, représentante diplomatique de l'UE, estimant qu'il est «urgent que le gouvernement syrien agisse». «Faute de quoi la communauté internationale envisagera toutes les options», avertit-elle. Barack Obama, le président américain, qui a suggéré récemment au président syrien d'écouter la voix de son peuple et de cesser d'accuser l'étranger tout en cherchant à obtenir l'aide iranienne pour réprimer son peuple, fera un discours majeur demain sur le Moyen Orient. Ce discours, qui intervient deux ans après celui prononcé au Caire, qui avait été présenté comme «un nouveau départ» dans les relations entre les Etats-Unis et les musulmans et qui arrive après de nombreux bouleversements dans la région et la mort d'Oussama Ben Laden, sera-t-il «annonciateur» de «mesures musclées» contre les régimes arabes qualifiés de «sourds à leurs rues» ?