Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a mis l'accent, samedi sur l'île de Margarita, dans son message aux chefs d'Etat et de gouvernement présents au 2e sommet Amérique du Sud-Afrique (ASA), sur les domaines prioritaires sur lesquels doit se fonder le partenariat entre les deux ensembles. Ces domaines prioritaires, souligne le chef de l'Etat, constituent les défis posés aux pays des deux continents par, notamment, le contexte mondial actuel. Le premier axe prioritaire développé par le Président Bouteflika dans son message a trait à une plus grande démocratisation de la gouvernance mondiale, à travers une refonte du système des Nations unies et la nouvelle architecture financière internationale, à laquelle les pays du Sud doivent être véritablement partie prenante. Il a affirmé, dans ce suet, que «(ce) sommet se déroule dans un contexte mondial marqué par les effets de la crise financière et qui pose, avec une acuité particulière, le problème de la régulation de l'économie mondiale», ajoutant que «cette crise vient rappeler l'impérieuse nécessité d'une participation effective et équitable de nos deux ensembles régionaux, non seulement aux mesures destinées à surmonter les difficultés actuelles mais également à la redéfinition même de l'architecture économique et commerciale internationale». «Il est politiquement injuste que, du fait de dysfonctionnements sur lesquels nos pays n'ont aucune emprise ou responsabilité, les efforts colossaux que chacun de nous a déployés pour son développement puissent être annihilés et que les moyens fournis pour tendre vers la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) deviennent sans effets», a-t-il déploré. Le chef de l'Etat a souligné, à cet effet, qu'«il est du devoir de la communauté internationale et de notre responsabilité, d'œuvrer pour mettre un terme à ce type de logiques insoutenables». «La prise de conscience que la crise financière et économique internationale a fait prendre à tous, quant à l'exigence de la réforme des règles de fonctionnement de l'économie mondiale, mérite d'être exploitée par nos deux ensembles pour faire valoir la justesse de nos préoccupations et nos revendications en la matière et assurer, en l'occurrence notre participation pleine et entière au processus de décisions au niveau des institutions financières internationales de Bretton Woods», a-t-il poursuivi. Le président Bouteflika a abordé, par ailleurs, la question des changements climatiques, plaidant pour la prise en charge des préoccupations des pays du Sud en la matière, en tenant «dûment» en compte la réalité que ces pays qui, ne sont pas responsables de ce phénomène qu'ils subissent de plein fouet. Il a estimé, à ce sujet, que le problème devrait constituer un des domaines privilégiés pour une action collective entre l'Afrique et l'Amérique du Sud, appelant, à cet égard, à une cohésion des positions et à une solidarité entre les deux régions. Il a affirmé, à ce propos, que «la cohésion de nos positions (pays du Sud) et la solidarité de groupe que nous devons montrer, à cet égard, lors de la quinzième conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, prévue à Copenhague en décembre prochain, nous permettra de mieux défendre nos intérêts en matière de développement et de préserver notre planète pour les générations futures». «Il importe également que soit dûment pris en considération le rôle important et la contribution cruciale des écosystèmes de l'Afrique et de l'Amérique du Sud dans l'effort de réduction des effets des changements climatiques, notamment à travers les forêts du Bassin du Congo et celles de l'Amazonie», a soutenu, à cet égard, le chef de l'Etat. Le président de la République a mis en relief la nécessité pour les deux continents de se mobiliser autour de stratégies de démarches et d'actions, à même de permettre aux deux ensembles d'assurer leur sécurité alimentaire et de combattre plus efficacement le phénomène de la pauvreté. Il a mis en avant, dans ce cadre, les champs de partenariats, de coopération et de démarche commune qui méritent d'être développés et approfondis entre l'Afrique et l'Amérique du Sud. «Les multiples défis du développement dans les domaines de l'énergie et des mines, de la santé, des infrastructures, des ressources en eau, des transports, du commerce, de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire, ainsi que la lutte contre la pauvreté que nos experts ont passé en revue au cours de leurs réunions sectorielles, méritent une attention particulière», a-t-il encore plaidé à ce sujet. Il a ajouté, dans le même sens qu'«il est indéniable que l'Afrique et l'Amérique du Sud, qui sont confrontées à la problématique de la lutte contre la pauvreté, ont beaucoup à apprendre l'une de l'autre et beaucoup à faire ensemble». S'agissant des projets concrets que les deux régions peuvent engager, le Président Bouteflika a affirmé que «la coopération dans le domaine de l'énergie et en particulier celui des hydrocarbures devrait constituer un fort levier pour asseoir notre développement et dynamiser son financement». L'exploration et l'exploitation ainsi que l'utilisation généralisée de nouvelles sources d'énergie propres, économiques et renouvelables dont disposent à profusion nos deux continents, est un autre axe sur lequel doit se développer notre coopération», a-t-il encore affirmé. Il a mis l'accent, dans ce cadre, sur les perspectives de partenariats offertes par le programme du Nepad qui constitue, a-t-il souligné, l'axe de développement stratégique pour l'ensemble des projets intégrateurs du continent africain. C'est ainsi qu'il a affirmé que «les programmes phares développés par le Nepad, à travers notamment les projets d'infrastructures contenus dans le Plan d'action de l'Union africaine et le Programme intégré pour le développement de l'agriculture en Afrique, plus connu sous l'acronyme CAADP, offrent des perspectives de partenariat mutuellement avantageux que les pays de l'Amérique du Sud peuvent investir avec un apport financier et leur expertise technique». Le Président Bouteflika a abordé, en outre, la question de la mise en place de mécanismes pour réaliser ces objectifs et permettant une mobilisation optimale du formidable potentiel que recèlent les deux régions. Il a souligné, à cet effet, que «l'Afrique et l'Amérique du Sud sont appelées à militer pour le raffermissement et la consolidation de leur coopération à tous les niveaux», ajoutant que «dans la même logique, les deux ensembles régionaux sont appelés à intensifier leurs efforts pour développer leurs relations économiques et donner, ainsi, un contenu plus concret et plus fructueux aux objectifs de la coopération Sud-Sud». «En renforçant leurs capacités propres et en développant un partenariat solide entre elles, l'Afrique et l'Amérique du Sud contribueront ainsi, de manière concrète, à l'instauration des nouveaux équilibres internationaux, nécessaires à la stabilité et à la prospérité partagée dans le monde», a-t-il encore soutenu. Le président de la République a abordé, par ailleurs, les défis posés par le terrorisme et la criminalité internationale, en mettant en évidence le caractère global de ces phénomènes et la nécessité de les combattre de façon résolue et collective. C'est dans ce sens qu'il a relevé que «le renforcement de la coopération entre nos deux ensembles (Amérique du Sud-Afrique), en matière de lutte contre le terrorisme, dans lequel mon pays s'est retrouvé à l'avant-garde, demeure une impérieuse nécessité», ajoutant que «le fléau du terrorisme qui continue de frapper nos pays doit être appréhendé comme une véritable menace globale». Il a souligné, aussi, que «la fermeté vis-à-vis des pirates, s'exprimant notamment, par un refus intransigeant et systématique de verser des rançons à cette nouvelle forme de terrorisme est de nature à réduire cette nouvelle forme de terrorisme et à réduire de façon significative ces agissements criminels». Tout en rappelant la décision adoptée au récent sommet de l'union Africaine de Syrte, visant à initier une démarche internationale pour une codification de la criminalisation du phénomène de versement des rançons aux preneurs d'otages et l'initiative déjà lancée en direction des Nations unies et de son Conseil de sécurité, notamment pour l'adoption d'une résolution contraignante à ce sujet, le Président Bouteflika a exprimé son souhait de voir les pays d'Amérique du Sud rejoindre l'Afrique dans cette démarche.