La plus grande démocratie du monde prêtera cinq milliards de dollars (3,55 milliards d'euros) au Continent noir sur les trois prochaines années. C'est le Premier ministre indien Manmohan Singh qui l'a annoncé au premier jour du 2e sommet entre les deux partenaires qui s'est ouvert hier matin à Addis-Abeba, au siège de l'Union africaine, en présence de M. Abdelaziz Belkhadem, représentant le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. «Nous allons offrir 5 milliards de dollars de prêts pour les trois prochaines années et 700 millions de dollars supplémentaires pour établir de nouvelles institutions et des programmes de formation», dit-il espérant renforcer l'implantation économique et politique de son pays en Afrique où la Chine qui a pris les devants en organisant son premier sommet avec le Continent noir en 2003 est omniprésente. Parmi les institutions dont la création est annoncée : un institut des technologies de l'information, au Ghana, un institut de planification de l'éducation au Burundi, un institut du commerce extérieur en Ouganda et un institut du diamant au Botswana, pour lesquels des accords-cadres ont été signés selon Addis-Abeba. «L'Afrique dispose de tous les éléments pour devenir un pôle majeur de croissance dans le monde du 21e siècle. Nous travaillons avec l'Afrique pour l'aider à réaliser son potentiel», dit-il. «Nous devrons travailler davantage ensemble et unir nos forces dans le cadre du Mouvement des non-alignés (NAM) et le G-77, afin de nous assurer que nos intérêts collectifs soient préservés, notamment en ce qui concerne le changement climatique, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et le cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce», lui réplique Jean Ping, le président de la Commission de l'UA. Lors du premier sommet à New Delhi en avril 2008, l'Inde qui veut bénéficier des ressources premières de l'Afrique, dont le pétrole et le potentiel commercial pour alimenter sa croissance, a promis à l'Afrique 5,4 milliards de dollars de prêts sur cinq ans. Près de 2 milliards ont été engagés depuis, selon le ministère indien des Affaires étrangères. A la différence des échanges commerciaux avec la Chine (126,9 milliards de dollars) en 2010, ceux enregistrés par l'Afrique avec l'Inde tournent autour de 40 milliards selon les estimations de la Confédération de l'industrie indienne.Un montant qui pourrait être revu à la hausse si New Delhi accepte «d'étendre aux principaux produits africains» les exemptions douanières qu'elle accorde depuis le premier sommet aux PMA, pays les moins avancés, d' «élargir la coopération économique et les liens en matière de commerce et d'investissements» entre les deux partenaires, qui représentent plus de deux milliards d'habitants et d'ouvrir des représentations à ses banques sur place en Afrique, un continent qui connaît une croissance de plus de 5%, presque autant que les 8% de l'Inde.