Le projet de la charte pour la réconciliation nationale, prôné par le président de la République, lors de son deuxième mandat présidentiel, et plébiscité par le peuple par voie référendaire, le 29 septembre 2005, continue à défrayer l'essentiel de l'actualité nationale eu égard aux «ambitieux» objectifs fixés dont d'importants segments contenus dans le dispositif de la charte sont en cours de se concrétiser su terrain. Quel bilan tire la classe politique du projet, quatre ans après sa mise en application ? Des cadres de formations politiques, contactés, s'y sont prononcés. Les trois partis de l'alliance présidentielle s'accordent à dire que le bilan de la charte est positif à plus d'un titre. «Vous n'avez qu'à faire une petite comparaison sur la situation générale du pays avant et après le projet de la réconciliation nationale pour établir par vous-même le bilan», répond d'emblée le chargé de la communication du FLN, Saïd Bouhadja. Celui-ci note, pour expliquer les bienfaits de la réconciliation, le rétablissement de la sécurité et le développement «tous azimuts» que connaît au pays. «Il y a certes des lacunes qui restent à combler et ceci nécessite aussi le rétablissement de la confiance entre les citoyens», a-t-il ajouté. Point de vue partagé par le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, qui soutient que «la situation s'est améliorée d'une manière générale au pays». «Les mesures contenues dans la charte sont appliquées sur terrain et les séquelles de la tragédie nationale commencent à disparaître. Sans le projet de la réconciliation nationale, le retour au calme et la machine de développement mise actuellement sur les rails, n'auraient eu lieu», poursuit M. Chorfi. Tebal Nordine, chargé de l'organique au MSP, s'inscrit, lui aussi, dans la même optique avec cependant, un peu de réticence. «Grosso-modo, le projet de la charte est positif puisque beaucoup de choses se sont améliorées depuis son plébiscite. Nous, au niveau du MSP, avons toujours soutenu ce projet et appelé à la continuité du processus avec plus de souplesse administrative. Car, des lenteurs bureaucratiques, liées essentiellement à la mise en œuvre des textes du projet, persistent. Il est grand temps de passer à une étape dans la mise en application du dispositif de la charte», enchaîne le représentant du MSP. Le Parti des travailleurs rappelle avoir entrepris une campagne «indépendante» pour le projet «sur le budget propre du parti». Ramdane Taâzibt, membre du secrétariat national du PT, soulignant, à son tour, l'amélioration de la situation, trouve «difficile de faire le bilan puisque c'est au Gouvernement de le faire», a-t-il indiqué. «La particularité de la charte est que la solution à la crise était algérienne, loin de toute ingérence étrangère. Même si globalement des progrès ont été enregistrés, il y a des dossiers qui demeurent en suspens tels les disparus, les patriotes, les rappelés du service national…Tous ces dossiers nécessitent une prise en charge efficace», dira encore M. Taâzibt. Le parti de Moussa Touati, FNA, plaide, lui, pour le renforcement de la justice pour en finir avec les conséquences de la décennie noire. «Nous avons toujours été pour les projets visant le rétablissement de la paix : la loi sur la Rahma, la concorde civile et puis la réconciliation nationale. Cette dernière a besoin d'un renfort judiciaire pour mettre en œuvre tous les dispositifs qu'elle prévoit», souligne M. Tine, chargé de la communication au FNA. «Personne ne peut remettre en cause les réalisations de la charte pour la réconciliation nationale», a indiqué le SG d'Ennahda, Fateh Rebaïne. Ce dernier poursuit : «Pour mener à bien ce projet, il est nécessaire d'aller vers une amnistie générale afin que la page noire soit définitivement tournée». Et d'ajouter que «tous les conflits internes vécus dans différents pays se sont résolus par la même voie, à savoir l'amnistie générale». En somme, M. Rebaïne espère que l'amnistie générale souhaitée, soit dans la lignée des projets de paix précédents.