Photo : Lylia.M Le jugement des mineurs doit être avant tout une alternative à leur réinsertion dans la société sans pour autant aller vers l'amnistie de son délit. C'est ce qu'ont affirmé, hier, les participants à la journée d'étude sur la thématique de la justice des mineurs organisée jeudi à Alger par le ministère de la Justice. Des juges pour enfants, psychologues et représentant du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) préconisent que tout en réparant la faute vis-à-vis de sa victime ou de la société, le mineur doit être gardé de préférence au sein de sa famille ou dans une famille d'accueil plutôt que dans un centre où il peut se frotter à des adultes et renouer avec le milieu de la délinquance à sa sortie. «L'enfant, qui est différent de l'adulte de par son immaturité cognitive et psychosociale, doit bénéficier d'un traitement spécifique et des garanties procédurales », a estimé la représentante de l'Unicef en Algérie, Mme Doria Merabtine. Elle a expliqué que l'enfant est un être «malléable» qui possède un grand potentiel de réhabilitation et dont la délinquance doit être perçue comme un «passage obligé» et non comme un signe de chronicité. Selon elle, la terminologie a connu un changement puisque la justice des mineurs s'est muée en justice de l'enfant et des adolescents. Cette évolution permet «d'allier le système judiciaire et le système de prévention», a-t-elle expliqué tout en aspirant à faire «de la rencontre juge-mineur, un moment humain et équitable afin d'aider le jeune à faire le bon choix et se ressaisir». Abondant dans le même sens, Mme Zineb Benkhrouf pédopsychiatre a estimé que « quelles que soient les turbulences, il ne faut pas juger l'enfant ou le mineur de manière définitive alors que son état psychique est en développement». Et c'est pour cette raison que Mme Mebarka Sakhri, magistrate à la direction des affaires pénales au ministère de la Justice, estime qu'une nouvelle législation permettra de « rediriger l'enfance du système judiciaire pénal vers un système de réforme orientée éducation car les lois actuelles n'incluent pas un âge minimal pour la responsabilité pénale ». Selon elle, il est indispensable de le faire afin de faciliter le travail des juges des mineurs et des procureurs qui se trouvent devant une situation de vide juridique. Pour sa part, la représentante du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), a indiqué que le Fonds plaide pour relever l'âge pénal dans le monde pour qu'il se rapproche de l'âge de la majorité, soit 18 ans. Dans cette perspective, un projet de loi relatif à la protection de l'enfant devait être examiné en conseil des ministres afin de le soumettre ensuite au Parlement pour adoption. Ainsi, la durée de la détention provisoire pour les mineurs est revue à la baisse dans ce projet, alors que celle appliquée est la même à l'encontre des personnes majeures. Le texte privilégie la protection sociale de l'enfant en danger avant la protection judiciaire et autorise aussi le recours à la médiation pour ce qui est des délits simples et des infractions commis par les mineurs.