Le Yémen est au bord de la guerre civile, pour ne pas dire, qu'au fond, il a déjà un pied dedans. Hier, l'opposition parlementaire, le Forum commun, a lancé un appel à la communauté internationale pour éviter que le pays ne sombre dans la guerre civile, après le sanglant bombardement du Palais présidentiel. La coalition anti-Saleh appelle à un cessez-le-feu «immédiat» des affrontements opposant depuis le 23 mai à Sanaa les forces gouvernementales et les combattants du chef tribal des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar. Elle condamne le «tournant dangereux» pris avec les attaques contre «les maisons d'habitants, le palais présidentiel et des installations vitales» du pays, prônant «la lutte pacifique et démocratique». Le cri de secours du Forum commun intervient alors que la tension était encore très vive, au lendemain du bombardement du Palais présidentiel au cours duquel le chef de l'Etat et plusieurs dirigeants ont été blessés, et sept officiers tués. Le Premier ministre, Ali Mohamed Moujawar, les présidents de la Chambre des députés, Yahia al-Raï, et du Conseil consultatif, Abdel Aziz Abdel Ghani ainsi que le vice-Premier ministre pour les Affaires intérieures, Sadek Amin Abou Ras, ont été transférés en Arabie saoudite pour des soins. L'état du président Ali Abdallah Saleh, hospitalisé à l'hôpital militaire de la capitale était «stable» et «n'inspirait pas d'inquiétude». Dans un discours audio-diffusé, vendredi soir, sur la chaîne Yemen Satellite TV, M. Saleh a dénoncé les tirs d'obus contre le palais, en accusant les auteurs de l'attaque de «bandits n'ayant rien à voir avec les manifestations en faveur du changement et de la liberté». «Les assaillants sont juste des éléments subversifs qui se livrent à des actes de sabotage, occupent des bureaux publics et provoquent des explosions dans de nombreuses régions de la République», a fustigé le chef de l'Etat. Sur le terrain, la situation va s'aggravant. Des accrochages continuent d'opposer des militaires à des hommes armés dans la capitale yéménite et à Taëz. A Sanaa, des échanges de tirs se poursuivent entre forces gouvernementales et partisans d'un chef tribal des Hached où des tirs d'obus et de roquettes ont secoué pour la cinquième nuit consécutive Al-Hassaba, un quartier où se trouve la résidence du cheikh Sadek al-Ahmar, alors que des habitants continuaient à fuir Al-Hassaba et les quartiers avoisinants. Face à la détérioration de la situation sécuritaire au pays, l'Union européenne a lancé un programme d'évacuation de ses ressortissants. La France et le Royaume-Uni ont demandé à leurs citoyens de quitter le pays sans délai, au vu de «l'escalade de la violence» dans le pays. Berlin, qui avait appelé dès le 28 février ses ressortissants à quitter le Yémen, vient de fermer son ambassade. Le personnel restant sur place va quitter le pays «aussitôt que cela sera possible», a précisé le ministère dans un communiqué. «J'ai activé le mécanisme de protection civile de l'Union européenne pour aider à faciliter l'évacuation des citoyens de l'UE qui souhaitent quitter» le Yémen, a annoncé la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton en exhortant le président yéménite à quitter le pouvoir. La Russie se préoccupe de la «terrible guerre civile» au Yémen. Elle appelle les autorités à accepter le plan de paix proposé par le Conseil de coopération du Golfe qui prévoit le départ du président. Selon l'agence Ria Novosti, la Russie envisage d'évacuer ses 1000 ressortissants présents au Yémen.