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Tlemcen : Une cité impériale aux mille et un mystères
Publié dans Horizons le 12 - 06 - 2011

Tlemcen, la «Perle du Moyen Maghreb» ainsi surnommée par les poètes, les historiens et les saints patrons qui y ont marqué leur passage. Ville d'art et d'histoire, Tlemcen est une cité à la fois secrète et très mystérieuse. De par ses vestiges historiques et ses sites touristiques, elle offre pour ceux qui y mettent les pieds pour la première fois, une ambiance particulière. Les palais d'El Mechouar, en plein centre-ville de Tlemcen, un site historique totalement transformé si ce n'est défiguré par le colonialisme français. Signifiant littéralement «lieu de mouchawara» (consultation), le palais imposant au premier coup d'œil a bénéficié de grandes subventions pour sa restauration. Edifiée par Abdel Moumen, illustre guerrier natif de Nedroma et premier chef des Alhmohaves, ce monument devient, sous le règne des Zianides, l'un des principaux sièges des rois de Tlemcen.
Ainsi, le roi numide Yaghmoracene entreprit, à son tour, de grands travaux de restauration et d'embellissement. Aujourd'hui, ce monument est transformé en galerie d'art ancien, dans laquelle tous les anciens ouvrages, manuscrits et ustensiles y sont exposés aux visiteurs. L'entrée de la citadelle est une porte gigantesque en bois qui semble révéler l'ancienneté d'El Mechouar à travers les décorations en métal qui font toute sa splendeur. Pour porter bonheur aux habitants de ladite «Kalaâ», une fleur en octogone a été sculptée. Tout autour, les remparts exceptionnellement épais et hauts, protègent une grande partie de la citadelle. Une fois à l'intérieur, un hall très vaste fait office de chambre des hôtes du roi. Un vestige qui laisse apparaître de splendides mosaïques colorées dont l'enceinte est caractérisée par de petits bassins «Nafoura» ornés de marbre en bordure, laissant échapper une eau fraîche.
Les anciennes pièces du palais sont transformées en musée. Leurs murs témoignent de la présence de l'art andalou à travers des fragments décorés par des mains talentueuses.
Les plafonds de la citadelle semblent retracer toute l'histoire de ce lieu prestigieux. Une boiserie épaisse met en relief la calligraphie arabo-musulmane. A l'extérieur, la cour principale du palais royal des Zianides est constituée de quatre ailes autour d'un patio avec jardin et bassin d'eau en croix sur une longueur de plus d'une dizaine de mètres.
La restitution de ce palais royal a été élaborée sur la base de fouilles archéologiques et de recherches à l'aide d'archives historiques d'El Mechouar ayant permis de découvrir un passage souterrain sur plus de 15 km. Un couloir très frais qu'empruntait le roi pour se rendre discrètement à la mosquée royale.
LE MUSEE DE LA VILLE, UNE INFRASTRUCTURE MODERNE
Bâtie sur l'ancienne «Madrassa Tachfinya» détruite durant l'époque coloniale et dont la porte est actuellement exposée au musée du «Louvre» à Paris, la maison de ville de Tlemcen (APC) a été transformée en musée national qui renferme des expositions sur les racines des anciens habitants de la ville des Zianides. Cette exposition est organisée sous le thème «Le quotidien des Tlemcéniens».
L'intérieur de ce prestigieux lieu historique a été construit avec goût et simplicité. Les murs sont peints de chaux et rehaussés par une lumière tamisée pour mettre en valeur les objets exposés. La première salle est réservée au tissage. Connue pour son tissage par excellence, la ville de Tlemcen est réputée pour ses œuvres traditionnelles. Dans les ruelles des anciens quartiers, des maîtres tisserands «Derrazzines» confectionnent toujours des couvertures en pure laine, soit de véritables œuvres artisanales. Quant aux tapis, ils sont accrochés à des barres de fer pour illustrer le travail méticuleux des artisans de l'Ouest. Chavirants de couleurs, les tapis sont d'un charme unique. Bande horizontale, losanges ou uniforme, le travail du tapis de Tlemcen repose sur plusieurs motifs typiques à la région. Pour perpétuer le métier de tisserand, cette exposition est marquée par la présence de
«El M'rama» (ancien appareil pour tissage léger) qui a servi pour la fabrication de tapis traditionnels appelés respectivement «El Menssoudj», «Bourabah» ou bien «Hambel».
A chacun son modèle, à chacun sa spécificité. En hommage aux femmes et aux hommes qui ont hérité du savoir-faire traditionnel, notamment à ceux qui l'ont ressuscité grâce à leur volonté et par amour à leurs racines, une exposition de tenues traditionnelles s'impose comme patrimoine culturel de la région. Une muraille protégée de verre retrace toute l'histoire de l'habillement tlemcénien.
Ce sont les tenues de fête, les plus exposées au public avec la célèbre «Chedda» qui sont mises en avant. C'est un habit essentiel pour la mariée. Quelle soit riche ou de classe moyenne, la mariée tlemcénienne est tenue de porter cette tenue, constituée essentiellement d'une veste caftan, El Mensoudj, Zerrouf,
El Fouta ainsi que des parures de perles. Le Caraco, Djabadouli sont autant de vêtements de circonstance exposés qui suscitent l'admiration des visiteurs. L'art du savoir-faire ancestral est narré sur des étoffes délicates parées de broderies raffinées dont les travaux ont été exécutés par des artisans (tailleurs, brodeurs, passementier et babouchiers) ayant fait du textile tlemcénien, un habillement stylé propre à la région rivalisant avec les autres coutumes et spécialités des autres villes commerçantes de l'époque. L'histoire de la dinanderie est également retracée sur la muraille du musée. Les pots en cuivre, les plateaux en argent et autres ustensiles sculptés semblent parler d'eux-mêmes comme pour transmettre toutes les époques à travers lesquelles ils ont marqué leur présence. Côté anciens instruments de musique utilisés il y a de cela plus d'un siècle, on trouve «El Kouitra» et particulièrement «R'Bab» et «Tchentchana», leur conservation est ici précieuse que l'on croirait qu'elle laisse échapper une musique digne de l'odyssée de l'art andalou.


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