Ecrivain engagé, cela signifie quoi pour vous ? A mon humble avis, un écrivain engagé s'assigne de convaincre les hommes d'adhérer à une cause. Il exhorte son entourage. Son rôle est alors de délivrer un message pour que le lecteur réagisse. Il veut alerter l'opinion publique au nom de la justice et de la vérité. Vous considérez-vous en tant qu'écrivain engagé ? Je ne suis pas un écrivain engagé. Je suis seulement une militante qui narre son parcours historique. En parcourant votre œuvre, on trouve beaucoup de tension, de violences… Il est important de savoir que les faits relatés sont réels. Ce n'est pas une fiction. Je n'ai rien inventé. Je ne fais que raconter et rapporter des faits. Il est logique que dans une guerre, il règne un climat de tension et de violence. Ce livre est un bouleversant récit sur une période sombre de l'histoire dans lequel je participe avec une ineffable émotion au devoir de témoigner. Partagez-vous l'avis de ceux qui disent que tous les pays colonisés sont des fabrications coloniales, créées selon la doctrine «diviser pour mieux régner» ? Les régimes coloniaux ont des caractères analogues. En somme, ils se ressemblent. C'est-à-dire, les pays coloniaux obéissent aux mêmes critères telles l'oppression et l'agression,… A votre avis, que représente la mondialisation et quels en sont les effets sur notre monde d'aujourd'hui ? Le processus de mondialisation s'est accéléré à la fin des années 80. La mondialisation est devenue à la mode. Ce processus facilite le régime capitaliste. Pour ma part, la globalisation engendre des effets pervers. Pour en venir à des aspects plus biographiques, quel bilan tirez-vous de votre trajectoire comme militante et intellectuelle ? Il est vrai que je n'ai pas fait tout ce que je devais faire mais j'ai tout de même accompli plusieurs choses. En toute modestie, mon parcours de militante est flatteur. Je pense bien évidemment à l'action militante des femmes d'Algérie. Quelles sont justement les choses que vous auriez dû ou pu faire ? D'emblée, je dirai qu'il fallait que je dénonce la soumission des femmes algériennes à l'époque. Elles ont participé extraordinairement et activement à la guerre de libération. Pour moi, elles n'ont pas été gratifiées. Un mot sur l'amendement du code de la famille Les changements opérés dans le secteur de la justice depuis sa réforme exigent de la part des citoyens et des justiciables, un effort d'adaptation particulier, afin de mieux appréhender les nouvelles règles et mesures dans ce domaine. Je regrette que ces réformes ne soient pas appliquées. Des projets en perspective ? Je participe régulièrement aux manifestations féminines à Alger et à Oran. Concernant la littérature, j'estime que j'ai passé une bonne expérience, ceci dit, je ne compte pas renouer cette aventure. «Itinéraire d'une militante algérienne» de Lucette Larribère Hadj Ali Editions du Tell, 129 pages, prix public : 550DA .