Les événements s'accélèrent au Yémen où le retour du président Ali Abdullah Saleh, qui est hospitalisé à Ryad après avoir été blessé par une mystérieuse explosion dans sa résidence à Sanaa, le 3 juin, est annoncé pour demain «si aucun évènement imprévu n'intervient». Pas moins de soixante-huit prisonniers sur les cent détenus d'Al-Qaïda, dont 58 ont été condamnés, se sont échappés, hier matin, de la prison de Mukalla, une ville portuaire de Hadramaout dans le sud-est du Yémen) via un tunnel long de plusieurs mètres creusé pendant plusieurs mois. Selon les autorités locales, qui ont déployé des véhicules blindés, après cet événement, «les fugitifs d'Al-Qaïda dont la plupart ont été arrêtés à leur retour d'Irak, ont attaqué les gardes et se sont emparés de leurs armes avant de fuir». Al-Qaïda, qui a repris du service «activement» depuis début février, compte-elle exploiter la situation précaire du pays pour donner un second souffle à l'AQPA, sa «succursale» dans la péninsule arabique ? Selon toute vraisemblance, le réseau terroriste qui a pris le 29 mai le contrôle de la ville de Zindjibar ne tardera pas, après ce renfort, à étendre son influence et opérer «plus ouvertement» dans la région, comme le redoute le coordinateur pour l'antiterrorisme au département d'Etat américain, Daniel Benjamin. Serait-il agité comme «un épouvantail» par le pouvoir comme le clament certains généraux dissidents ? L'opposition au président Saleh crie déjà au complot. Selon Nasser Bakazkouz, le porte-parole des associations de la société civile de Hadramaout, cité par plusieurs médias, les autorités locales ont facilité cette évasion. «Le régime veut provoquer le chaos dans la province», dit-il. Certains analystes s'interrogent sur l'efficacité des forces spéciales envoyées au Yémen pour mener des attaques contre Al-Qaïda avec le soutien de la CIA et des drones. D'autres, avec tous les mouvements armés qui poussent au délitement, parlent ouvertement d'un risque de «somalisation» de ce pays tant les similitudes sont grandes de part et d'autre du golfe d'Aden. Les experts redoutent que l'Aqpa ne profite de la situation pour acquérir des armes, comme le fait l'AQMI qui, en pillant les casernes libyennes, s'offre un explosif militaire et des armes anti-aériennes et nouer des liens avec les insurgés islamistes du groupe al-Shabab en Somalie. Parallèlement à cette évasion, les Yéménites découvrent l'existence de pressions sur Abd Rabbo Mansour Hadi, le vice-président pour qu'il exerce les prérogatives du chef de l'Etat ou forme un conseil intérimaire pour barrer la route à tout retour de M. Saleh. Certains comme cheikh Sadek al-Ahmar, le chef d'une grande tribu yéménite, ose même demander au roi saoudien Abdallah de garder le président Abdallah Saleh. D'autres chefs de tribus appellent à organiser une élection présidentielle dans un délai de 60 jours.