L'état de santé du président yéménite Ali Abdallah Saleh serait toujours mauvais plus d'une semaine après avoir été blessé dans une attaque à Sanaa, alors que le pays semble rentré dans une phase d'incertitude. Blessé le 3 juin dans un attentat contre son palais à Sanaa, Saleh, 69 ans, a été évacué à Ryadh où il a été opéré. Cependant aucun bulletin de santé, ni aucune image de lui n'ont été diffusés depuis, donnant lieu à tout genre de spéculations. Les autorités ont beau assurer que Saleh se rétablissait rapidement et que son retour ne saurait tarder, les spéculations sur la gravité de sa blessure vont bon train dans la rue yéménite. Plusieurs hauts dignitaires du régime ont été également blessés dans l'attentat en question qui a fait 11 morts et 124 blessés. Le Premier ministre Ali Mohammed Moujawar et le président du Parlement Abdelaziz Abdelghani se trouvent parmi les blessés et sont aussi soignés en Arabie saoudite. Ils seraient également dans un état sérieux. L'absence, qui risque de se prolonger, du chef de l'Etat et d'autres personnalités importantes du régime pourrait fortement compliquer la situation politique intérieure au Yémen, déjà à la limite du tenable. Le risque de déstabilisation généralisée est d'autant plus exacerbé par le vide politique dans lequel se trouve soudain le pays. La rue yéménite se trouve divisée entre les pros et les contre le retour de Saleh. Le tout sur fond de violence devenue chronique. Au moins 200 personnes ont péri dans les heurts ayant marqués le mouvement de contestation populaire lancé en janvier contre Saleh, qui dirige le pays depuis 33 ans. Saleh refuse de céder le pouvoir malgré les pressions régionales et internationales. Même les défections multiples au sein de son régime n'ont pas eu raison de sa ténacité. A l'image du général Ali Mohsen al-Ahmar qui accuse Saleh de soutenir des groupes terroristes, dont Al-Qaïda, pour conforter son emprise sur le pays. Pour ce commandant de la 1ère division blindée rallié en mars à la contestation, Saleh a toujours utilisé l'épouvantail islamiste pour se maintenir à la tête de l'Etat. Dans un entretien publié par le journal Al-Hayat il dira que «tout le monde va réaliser après le départ de Saleh que le mythe d'Al-Qaïda n'est pas si important». Le Yémen est considéré comme le fief d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa). Et c'est au nom de la fameuse lutte «anti-terroriste» prôné par Washington que Saleh a longtemps bénéficié d'un solide appui américain. Le général dissident a accusé le président d'avoir délibérément livré aux extrémistes des territoires du Yémen comme la province d'Abyane, dont le chef-lieu Zinjibar est, depuis le 29 mai, aux mains de combattants présumés d'Al-Qaïda. M. B.