Photo : Makine F. Sur les 52 000 détenus, 600 mineurs dont 7 filles séjournent actuellement dans les centres spécialisés relevant du ministère de la Justice et les pavillons de certaines prisons. Le vol, les coups et blessures sont, dans la majorité des cas, les délits engendrant la condamnation de cette frange de la société. Plusieurs raisons sont à l'origine de cette délinquance juvénile, les problèmes familiaux, les mauvaises fréquentations, la déperdition scolaire … Autant de contraintes liées à un environnement influant négativement sur le comportement de l'adolescent et son état psychologique. C'est ce qu'a déclaré hier, le directeur général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, Mokhtar Felioune, à l'ouverture, hier à Alger, des travaux de la première rencontre régionale sur «la justice des mineurs dans le monde arabe : réalité et perspectives». Initiée par le département de la justice avec le concours de l'organisation internationale de la réforme pénale, cette rencontre a vu la participation de nombreux experts représentant 11 pays arabes dont la Jordanie, l'Egypte, le Maroc et le Yémen. M. Felioune a déclaré que l'Algérie élabore une législation qui remplacerait les poursuites judicaires à l'encontre des mineurs par leur protection à tous les niveaux, psychologique surtout. Les textes de loi porteront essentiellement sur l'institution de l'irresponsabilité pénale du mineur. Ce projet de loi sur la protection des enfants sera soumis au gouvernement. Cette démarche répond aux exigences de la réforme engagée dans le système judiciaire. Dans leurs interventions, les experts ont reconnu que l'Algérie est une référence en matière de prise en charge des mineurs. La législation en vigueur est conforme aux normes et à la législation internationale en ce qui concerne la délinquance, même si certains juristes déplorent le manque de coordination en matière d'application entre les autorités concernées. «L'Algérie est le seul pays à l'échelle africaine et moyen-orientale à avoir formé, non seulement des juges spécialisés, pour mineurs, mais également une police judiciaire et des gendarmes pour la prise en charge de cette vulnérable catégorie», a reconnu Mme Taghrid Djabr El Kadi, directeur régional de l'organisation de la réforme pénale (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le ministère de la Justice a, d'ailleurs, organisé six sessions de formation au profit de 164 juges pour mineurs. Une ressource humaine qui permet, selon M. Felioune, d'appliquer les textes de lois sur le terrain à même d'être à la hauteur des misions visant la protection de l'enfance. C'est aussi l'avis du secrétaire général du ministère de la Justice, Messaoud Boufercha. Il a appelé les participants, constitués en trois ateliers thématiques d'œuvrer pour parvenir, aujourd'hui, au terme des travaux, à des recommandations axées sur une justice réconciliatrice encourageant toutes les dispositions pédagogiques et administratives prises à cet effet. Pour les participants, le protocole international portant principes fondamentaux de la justice des mineurs est le résultat des expériences internationales et des pratiques fiables en matière de traitement de la délinquance juvénile.