Les délits les plus fréquents sont le vol et les coups et blessures volontaires. Il arrive aussi que des adolescents soient interpellés pour des affaires de drogue et d'atteinte à la pudeur. Trop vieux pour rester impunis et trop jeunes pour aller en prison, les mineurs délinquants inspirent des sentiments mitigés auprès des magistrats ayant à traiter les affaires dans lesquelles ils sont impliqués. “Nous essayons dans la mesure du possible de les remettre à leurs parents”, confie Meriem Chorfi, juge des mineurs et sous-directrice au ministère de la Justice. Elle intervenait, hier, au cours d'un séminaire organisé par la commandement de la Gendarmerie nationale au siège de cette institution sous le thème : “Traitement de la délinquance et de la victimisation juvénile. Travail en réseau et combinaison de compétences”. Selon des statistiques édifiantes présentées par Kheira Messaoudène, chef du service de la protection des mineurs à la direction générale de la Police judiciaire, durant le 1er semestre de l'année 2006, 439 adolescents ont été remis à la famille sur un total de 5 635 715 qui ont été mis sous mandat de dépôt, 376 ont été placés dans des établissements spécialisés, 3 932 autres ont été laissés en liberté provisoire. Certains mineurs délinquants sont des récidivistes et contribuent à accentuer la courbe de la criminalité chez les jeunes d'année en année. En 2005, la police a recensé 11 302 délinquants âgés de moins de 18 ans. 45% ont été arrêtés pour des vols, 24% pour des coups et des blessures volontaires, 4% pour des attentats à la pudeur et 2,5% pour l'usage et le trafic de stupéfiants. Dans le lot, 25 mineurs ont été condamnés pour des crimes de sang. Ayant à agir en territoire extra-muros, dans les régions rurales notamment, la Gendarmerie nationale recèle un bilan moins riche mais symptomatique sur l'étendue de la délinquance juvénile. Sur 50 725 délits enregistrés durant l'année écoulée, 2 967 des mis en cause sont des mineurs. Les coups et les blessures volontaires, l'association de malfaiteurs et le vol qualifié sont les infractions les plus courantes. Mais il arrive très souvent aussi que les enfants et les adolescents soient des victimes. En une année et demie, le nombre de mineurs en danger moral répertorié par la DGSN s'élève à plus de 5 000. Au niveau de la gendarmerie, les victimes s'élèvent à 600. La plupart ont fait l'objet de violences en tout genre. Comment les aider ? Mais surtout de quelle façon empêcher les adolescents de devenir des malfrats ? Hier, les invités de la gendarmerie se sont surtout épanchés sur les raisons qui poussent les mineurs sur les chemins de la délinquance et les exposent aux maltraitances. L'école a été très stigmatisée. Accusée de ne pas jouer son rôle convenablement en soustrayant les élèves aux tentations de la rue, elle est mise sur la sellette. Pour certains intervenants comme Mustapha Khiati, président de la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche), les chiffres de la déperdition scolaire (plus de 400 000 élèves exclus chaque année), illustrent cette faillite. Présent lors du séminaire, Boubeker Khaldi, secrétaire général du ministère de l'Education nationale a rétorqué en martelant que son département “est un maillon” d'une chaîne impliquant d'autres partenaires, parents d'élèves, associations… qui pèchent par leur indolence. Selon lui, les parents sont “démissionnaires”. Ce constat était partagé par le professeur Laidli, chef de service de la médecine légale du centre hospitalo-universitaire de Bab El-Oued. Dans un exposé sur l'expérience de l'unité dont il a la direction, il révèle que la plupart de ses jeunes consultants sont des politoxicomanes. Les violences physiques, notamment sexuelles, distinguent également une partie des jeunes malades. Samia Lokmane