Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar La réinsertion des jeunes délinquants revient sur le devant de la scène. En effet, tout indique qu'au niveau du ministère de la Justice on commence à prendre conscience de la nécessité de mettre en œuvre un plan de lutte globale contre la délinquance juvénile. Cette dernière, longtemps ignorée, marginalisée et minorée par les pouvoirs publics, se retrouve aujourd'hui au cœur d'un vif débat de société. Ainsi, face à ce fléau très complexe, l'accent est mis par le département de Tayeb Belaïz sur l'ouverture de centres d'accueil dans toutes les wilayas pour permettre l'insertion des délinquants. L'annonce en a été faite mardi dernier par Mme Chorfi Meriem, sous-directrice chargée de la protection des délinquants et des mineurs auprès du ministre de la Justice, qui a indiqué, lors de la cérémonie inaugurale à Tlemcen d'un centre scout pour la réinsertion des délinquants et des jeunes détenus, le 7ème du genre au niveau national, que cette initiative sera généralisée à toutes les wilayas du pays. A ce titre, Mme Chorfi Meriem a fait savoir que huit de ces centres seront opérationnels au cours du premier trimestre 2009. Et pour mieux impliquer la société civile dans la prise en charge des mineurs délinquants, ces centres seront encadrés par des psychologues et des chefs scouts. Il faut savoir à ce propos que la réalisation de ces centres intervient en vertu d'une première convention signée entre le ministère de la Justice et le commandement général des Scouts musulmans algériens (SMA) en 2003, portant sur la réactivation des actions de réinsertion des délinquants au sein des établissements pénitentiaires à Sétif, à Gdyel (Oran) et à El Harrach (Alger). Suite à cette première expérience, ayant enregistré un grand succès et un écho favorable chez les mineurs délinquants détenus, une deuxième convention a été signée en juillet 2007 portant son extension à l'ensemble des établissements pénitentiaires du pays. Par ailleurs, des juristes et des magistrats ont rappelé que, dans le cadre de la réforme du secteur de la justice, la nouvelle loi d'organisation pénitentiaire a ouvert le champ aux associations caritatives et à la société civile en vue d'activer au sein des centres de rééducation pour une meilleure orientation des mineurs délinquants. Ces derniers représentent aujourd'hui une population carcérale qui ne cesse de croître d'une année à une autre. Selon les dernières statistiques, six cents mineurs se trouvent dans les centres spécialisés du ministère de la Justice et dans les pavillons de certaines prisons. Le vol et les coups et blessures sont les délits à l'origine de la condamnation de la majorité des mineurs. Sur un autre plan, il est à signaler que cette délinquance juvénile est imputée, selon plusieurs enquêtes sociales, notamment, à la déperdition scolaire, aux problèmes familiaux et aux mauvaises fréquentations. D'autre part, selon le directeur général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion des détenus, Mokhtar Felioune, 80% des mineurs se trouvant dans ces centres et ces prisons n'ont pas fréquenté l'école, et la majorité est âgée entre 17 et 18 ans. D'où la nécessité absolue de promouvoir les centres de réinsertion et de rééducation qui font cruellement défaut sur l'ensemble du territoire national. Pour preuve, actuellement, il n'existe que 35 centres spécialisés de rééducation et de protection (CSR et CSP), à travers tout le pays, tous placés sous la tutelle du ministère de la Justice. Leur capacité d'accueil est d'à peine 3 770 places. Quant à la capitale, elle est dotée de trois centres de rééducation, deux à Birkhadem (filles et garçons) et un autre à Châteauneuf, à El Biar (garçons). Enfin, le manque de personnel spécialisé chargé d'aider et d'accompagner les délinquants mineurs est également un véritable problème auquel il faut rapidement remédier. Car, en dernier lieu, il est de notoriété publique que les infrastructures à elles seules ne sont certainement pas le remède miracle contre les fléaux auxquels sont confrontés quotidiennement les mineurs.