Chaudes, très chaudes même, les deux dernières soirées de la neuvième édition de Dimajazz. Le public constantinois a assisté aux deux meilleurs spectacles musicaux de cette édition avec la participation, il est vrai, d'un monument de la scène mondiale, en l'occurrence Keziah Jones. Les 600 billets mis en vente se sont envolés en quelques minutes dans la matinée de jeudi dernier, une impressionnante file d'attente de gens attendaient devant les guichets, certains sont venus d'Alger, d'Annaba et même d'Oran. Mais la veille, c'est-à-dire mercredi, deux groupes l'un français, Fada, et l'autre américain, Boney Fields and the Bone's Project avec leurs styles musicaux complètement différents, ont réussi, chacun à sa manière, à offrir un grand moment de plaisir au public. D'abord Fada, cette formation bordelaise, a inauguré un genre musical interprété pour la première fois à Dimajazz : le Slam. Marco Codjia et sa bande ont bluffé tout le monde. Un jazz pur et contemporain et surtout des textes raffinés et puissants, tantôt mélancoliques, tantôt amusants, la musicalité des vers a subjugué la foule, Codjia, qui a la parole facile, narrait des histoires sur les conditions des jeunes, des émigrés, sur les arabes de France, sur la vie en général, avant de conclure avec une belle chanson d'amour. Viennent ensuite les Boney Fields and the Bone's Project. Cette bande connaît déjà l'ambiance de Dimajazz pour s'y être produit en 2008, et c'est toujours cette même énergie, cette même envie, ils n'ont pas pris une ride, au contraire. Durant une heure et demie, c'est une explosion de plaisir partagé entre un blues-soul-funky endiablé. Impossible alors de résister à la tentation et de ne pas danser, toute la salle était debout en imitant les pas de la troupe composée de musiciens talentueux. Trompettiste hors pair, Boney Fields est une vraie bête de scène, un showman comme on dit qui a fait passer le grand frisson blues-funk en reprenant en fin de concert les grands tubes de James Brown. Un concert se vit, se ressent et restera mémorable. C'est en effet ce que les organisateurs ont prévu pour le dernier show de l'édition dimajazz 2011, qui a été grandiose avec sur scène Keziah Jones. Derrière lui, ses deux musiciens, seulement un bassiste et batteur, ce qui ne l'a pas empêché de faire beaucoup de bruit. Sur scène, le guitariste au chapeau a embarqué la salle Malek-Haddad dans un blues qui s'étire jusqu'à la Funk, emprunte au Rythm & Blues et de World musique, du Jazz, et s'acoquine avec le rock, le temps d'un solo de guitare, bref, une musique majestueuse, un Blues magnifiquement servi par une voix très soul et joyeuse. Un son énorme à la rythmique impeccable qui a donné la chair de poule aux personnes présentes. Le Nigérian dont c'est la première venue en Algérie, s'est donné à fond avec des solos de guitares sur toutes les positions possibles et impensables. Il s'est même mis à danser pour le public. A la fin, Keziah Jones a longuement remercié le public, un public qui est resté sur sa faim et qui n'a pas raté l'occasion de scander son nom, en regrettant également que la soirée soit aussi courte. Voilà, les organisateurs ont réussi leur pari, en offrant une semaine de bonheur et de musique à la ville de Constantine, les amateurs ont apprécié la qualité de services et l'organisation, mais surtout le professionnalisme des équipes des ingénieurs de son et de lumières qui ont offert une scène impeccable qui est pour beaucoup dans la réussite de l'évènement.