La sécurité alimentaire n'est pas une problématique relevant essentiellement de l'agriculture. C'est une question politique et économique globale qui implique plusieurs secteurs. C'est l'avis des experts en économie, réunis jeudi dernier au Ceneap, à l'occasion de la tenue d'une conférence débat sur «la sécurité alimentaire et les politiques rurales et agricoles au Maghreb». La rencontre a permis aux intervenants de mettre l'accent sur les défis à relever pour pouvoir répondre aux exigences de l'heure, notamment la sécurité alimentaire. Un objectif difficile à atteindre compte tenu des contraintes relevées, en dépit des politiques agricoles mises en œuvre des décennies durant dans les pays du Maghreb. Une situation qui interpelle les décideurs d'autant qu'elle est suivie de l'épuisement des ressources naturelles, la dégradation des systèmes écologiques et des patrimoines naturels, de l'urbanisation rapide et de la désertification qui ne cesse de rogner terres agricoles. Autant de facteurs justifiant l'urgence à entreprendre des mesures concrètes. «On demande à l'agriculture de tenir un rôle qu'elle ne peut jouer toute seule. Comment s'en sortir ?», se sont interrogés les experts car le temps n'est guère au constat et au diagnostic. Confirmant cette tendance, le Dr. Omar Bessaoud, spécialiste en analyse des politiques agricoles et rurales, affirme que l'agriculture ne peut elle seule garantir la sécurité alimentaire encore moins régler le problème du chômage dans les pays du Maghreb. «Ce sont les capacités à dégager, pas seulement par la rente pétrolière, mais aussi nos capacités à produire au niveau national et à exporter d'autres produits», a-t-il dit en parlant de l'Algérie citant le tourisme, les services et l'industrie. L'expert se réfère à la croissance démographique et à l'épuisement des ressources naturelles dans cette région du Maghreb qui compte plus de 3 millions d'exploitants agricoles dont la majorité est concentrée dans de très petites exploitations (80% s'étendent sur une superficie de 4 hectares). En Algérie, 2/3 des terres agricoles se situent dans des zones arides et semi-arides. Il rappelle, à titre d'exemple, que les pays du Maghreb comptent 2% de la population mondiale mais importent 15% de la production mondiale de blé. L'Algérie et l'Egypte sont les premiers importateurs à l'échelle nord-africaine. C'est dire aussi l'ampleur de la facture alimentaire. En Algérie, elle s'est élevée en 2010 à 5,5 milliards de dollars et à 2,1 milliards dollars durant le premier semestre de l'année en cours. Selon les économistes, elle oscillera entre 6 et 7 milliards de dollars d'ici la fin 2011, soit un cinquième de ses importations. «La question de la sécurité alimentaire doit être repensée dans un contexte global», a souligné le Dr. Bessaoud. Dans les pays du Maghreb, l'agriculture contribue à 15 et 20% au PIB. Entre 20 et 40% de la population exerce dans ce domaine alors que 3/4 des ménages ruraux sont des ménages agricoles, soit 70% de la population.