Le futur alimentaire est incertain, si d'ici 2030-2040, ne se mettent pas en place des solutions alternatives fondées sur la création de valeur ajoutée, sur les productions et les services exportables, substituables aux hydrocarbures. Le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement, le Ceneap, organisera à Alger un séminaire les 12 et 13 février 2011, sur la sécurité alimentaire. Posant les termes du débat, le Ceneap, estime que l'Algérie, au même titre que bon nombre de pays en développement, se doit de se préoccuper de cette question, tant le déficit alimentaire y est structurel. “L'agriculture algérienne a enregistré une amélioration certaine depuis le PNDA (Plan national de développement agricole) mais elle demeure loin de satisfaire les besoins alimentaires du pays” souligne le Ceneap. De toute évidence, elle ne peut constituer, à elle seule, une réponse à ce déficit. Le Ceneap rappelle que l'Algérie est aujourd'hui le premier importateur africain de denrées alimentaires, avec 75% de ses besoins assurés par les importations. L'insuffisance de la production agricole algérienne, associée à une demande massive et croissante de produits agroalimentaires, induits par un changement progressif du modèle alimentaire, font de l'Algérie un pays structurellement importateur et donc fortement dépendant : 20% de la valeur de ses importations sont des biens alimentaires. “ L'Algérie est l'un des plus grands pays consommateurs de céréales au monde. La demande nationale n'est couverte en moyenne qu'à 25% par la production locale, très dépendante de la pluviométrie, et la part du budget des ménages algériens affectée à l'alimentation a atteint près de 45%. De même, la filière lait présente la même configuration” ajoute le Ceneap. Par ailleurs, relève le centre, chaque année, l'Algérie importe 60% de sa consommation de lait en poudre, et la croissance annuelle moyenne du marché algérien des produits laitiers est estimée à 20%. En valeur, les importations alimentaires sont passées de 1 milliard de dollars en moyenne dans les années 1970 à 2 milliards dans les années 1980, 3 milliards en 2003 et plus de 8 milliards en 2008. “Ainsi, le développement du secteur agricole et agroalimentaire s'avère un enjeu majeur pour l'Algérie aux niveaux économique, politique et social”, estime le Ceneap, pour qui une telle progression dans la dépendance externe du système alimentaire algérien, pose inévitablement la question de la sécurité alimentaire dans le pays à moyen et long terme. Elle constitue un facteur de vulnérabilité au sens où elle expose l'Algérie à la nécessité d'approvisionnements extérieurs réguliers, au risque de pénurie et de fluctuations du marché et au risque de difficulté d'accès à la ration de base pour les populations, notamment celles à faible pouvoir d'achat. Le Ceneap indique que jusqu'à l'échéance théorique de 2030-2040, les recettes générées par les exportations de pétrole et de gaz assureront, comme elles le font aujourd'hui, le paiement de la facture alimentaire. Au-delà, estime le centre, “ le futur alimentaire est incertain, si, d'ici là, ne se mettent pas en place des solutions alternatives fondées sur la création de valeur ajoutée, sur les productions et les services exportables, substituables aux hydrocarbures”. “De quelle stratégie disposons-nous pour faire face au défi d'une sécurité alimentaire combinant une production nationale dynamique, valorisant des avantages comparatifs du pays, une politique d'importations agroalimentaires maîtrisée et une nouvelle forme de gouvernance ? Une véritable politique cohérente sur la sécurité alimentaire doit être réfléchie et mise en œuvre avec des réponses concrètes aux problématiques et défis de l'heure, particulièrement la régulation du marché agricole national et l'approvisionnement durable”. Autant de thèmes qui interpellent les politiques et qui seront abordés, annonce le Ceneap, par les différents experts qui tenteront d'identifier des pistes de réflexion et d'action et contribuer ainsi à la mise en œuvre d'une politique nationale sur la sécurité alimentaire.