Tripoli persiste et signe. Elle accuse l'OTAN de mener une «guerre d'extermination» et de commettre des «crimes contre l'humanité» en Libye. «La coalition atlantique croisée colonialiste a bombardé des sites civils, parmi lesquels une boulangerie et un restaurant à Brega, un port situé à 240 km au sud-ouest de Benghazi. Elle a provoqué la mort de quinze martyrs. Plus de vingt citoyens ont été blessés», affirme en boucle la télévision libyenne soupçonnant les «alliés» de mener une guerre d'extermination. L'OTAN, qui a reconnu sa responsabilité dans une série de bavures la semaine dernière, dément. Selon son porte-parole en Libye, les avions de l'Alliance ont visé avec un plan méticuleux, des bâtiments dans un secteur abandonné de Brega. «Nous avons pris du temps pour observer la zone», dit-il. Même son de cloche du côté du porte-parole de l'opération Protecteur Unifié, Mike Bracken. «Nous avons fait très attention à ne pas toucher de civils et nous avons même à la dernière minute utilisé des armes différentes pour ne pas risquer de blesser des civils», dit-il. Qui croire ? Parallèlement à ce dialogue de sourds et au vote «pour» et «contre» de la Chambre des représentants du Congrès américain pour l'intervention militaire en Libye, l'Union africaine renoue avec ce conflit. Convaincue que sa «feuille de route» qui prévoit un cessez-le-feu et l'instauration d'une période de transition conduisant à des élections démocratiques, fait du chemin, elle tente de reprendre l'initiative. Une réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine, destinée à «discuter des dernières nouvelles» sur ce conflit qui commence à évoluer vers un chaos incontrôlable et des «efforts menés» pour le résoudre, aura lieu aujourd'hui à Pretoria, en Afrique du Sud. Le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui préside ce comité a quitté, hier, Nouakchott, pour assister à cette quatrième réunion qui intervient juste avant le 17e sommet de l'Union africaine qui se tiendra à Malabo, en Guinée-équatoriale du 29 juin au 1er juillet et où la crise libyenne sera au centre des discussions, notamment le volet Kadhafi. Si certains hésitent à trancher, le mauritanien a estimé «nécessaire» le départ du colonel pour permettre une solution politique et pacifique au conflit. «Quoiqu'il arrive, il y aura une solution négociée. Dans tous les cas, son départ devient une nécessité», soutient-il doutant de l'efficacité des raids de l'OTAN sur Tripoli. Kadhafi, qui a refusé toute négociation sur son départ et promis une longue guerre contre les forces occidentales serait-il disposé à lâcher du lest après avoir laissé croire qu'il serait prêt à quitter Tripoli ? De sa réponse dépend en partie l'issue, voire le devenir de la Libye et de …l'Otan dont les temps pourraient être difficiles avec tous les conflits d'intérêts qui la traversent. Surtout depuis qu'elle revendique ouvertement la tête du dirigeant libyen. Soit une transgression en règle de l'objectif principal de la zone d'exclusion aérienne en Libye, instauré en vertu de la résolution 1973 du Conseil de sécurité : protéger la population civile des représailles de Kadhafi et non de les prendre pour cible.