Comment vivre en harmonie avec les autres tout en préservant la nature et le paysage urbanistique ? Voici la question à laquelle a tenté de répondre, hier, Salah Aït Cherkit, enseignant d'architecture à l'EPAU (Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme) en marge de la tenue du Salon international du logement et de l'immobilier. Dans une communication intitulée «Pour un habitat urbain et durable en Algérie, réflexions sur sa composition urbaine, formelle et fonctionnelle», le conférencier a indiqué que l'Algérie a toujours encouragé, depuis l'indépendance, la construction des habitats de masse alors que «nous sommes un pays qui se développe avec des niveaux de culture et d'appréhension différents». Pour lui, les pouvoirs publics ont agi dans la précipitation et les constructeurs ont «opté pour une architecture qui n'est pas suffisamment pensée». Il déplore le fait de trouver les mêmes HLM dans différents endroits du «pays continent». Afin de faire face à l'inconvénient du foncier, cet enseignant de l'EPAU propose la construction en îlots urbains. A travers des illustrations, l'architecte a démontré comment les bureaux d'études doivent travailler pour appréhender les mêmes surfaces occupées actuellement par les HLM et dans lesquelles «on aurait pu gagner plus d'espace vert, aires de stationnement, des magasins …». Autre question : pourquoi la réalisation de grandes constructions de logement n'est pas suivie de structures d'accompagnement ? M. Aït Cherkit a estimé que la responsabilité en grande partie incombe aux décideurs qui «ne veulent pas dégager un budget supplémentaire pour ces équipements». «S'il n'y a pas d'activités commerciales autour de la place, s'il n'y a pas de café, de cinéma, de lieu de rencontre, de lieu d'échange, ça ne peut plus être une place, c'est un espace libre, mais ce n'est pas un espace public», a-t-il indiqué. Il précise qu'il y a des notions qu'on n'a pas encore intégrées dans les esprits : «La rue est un espace public, c'est à ce niveau-là que les gens se rencontrent, échangent les idées, on doit à tout ce beau monde un minimum de respect. On ne peut imaginer une ville où il n'y a pas d'espaces publics», a-t-il expliqué. L'EXPERIENCE MAROCAINE L'architecte marocaine Henaï Bekari a démontré comment la vie dans les habitats informels, des bidonvilles pourrait être supportable. Elle indique qu'avec la complémentarité entre les citoyens et les autorités publiques, quelque 41 000 habitants de «Haouma Chouk», près de Tanger, ont pu sauvegarder leur «site» tout en le développant.