Comment parvenir à une adéquation des programmes d'enseignement dans les secteurs de l'éducation nationale et l'enseignement supérieur à la lumière des réformes en cours ? Quels sont les contenus des programmes à dispenser dans ces deux grandes institutions pour pouvoir répondre aux exigences de l'heure ? C'est autour de cette problématique que se sont articulés les débats de la journée parlementaire regroupant, hier, au siège de l'APN, le Pr Samir Boubekeur, inspecteur général de pédagogie au ministère de l'Education nationale, aux côtés de nombreux universitaire, à l'instar du Pr Chitour Chemseddine et du Pr Laskri Mohamed Tayeb. Le président de la commission de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et des affaires religieuses, Dr Abdelamalek Zenir, a souligné que l'ambition légitime de l'Algérie est de prétendre à rejoindre le rang des pays émergents. «Le moyen unique d'atteindre cet objectif consiste en un système de formation, tous paliers confondus, performant et adapté aux besoins socio économiques du pays», a souligné M. Zenir. Il a donc jugé opportun d'établir un diagnostic sans complaisance et engager une réflexion pour améliorer la situation. Parmi les dysfonctionnements, les intervenants font part de la grave désaffection des étudiants des sciences exactes et technologiques, de la déperdition scolaire et de l'inadaptation du produit formé aux besoins réels du secteur socio économique. Revenant sur les mesures de réformes mises en œuvre dans le système éducatif, le Pr Samir Boubekeur a fait allusion à certains dérèglements. De l'avis de cet expert en pédagogie, il faut promouvoir davantage l'enseignement mathématique et technique. Selon les dernières statistiques, plus de 36% des élèves sont orientés, dès la première année du secondaire, vers deux filières littéraires, alors que 64,15% sont répartis dans quatre grandes filières scientifiques. Le conférencier relève qu'en dépit de tous les efforts déployés pour promouvoir les disciplines scientifiques, 50% des nouveaux bacheliers sont d'office versés dans des spécialités littéraires. «Il y a un problème d'orientation», a-t-il regretté, estimant que cette affectation, qui s'effectue au grand dam des nouveaux bacheliers, se solde généralement par un échec dès la première année universitaire. Autre problème étant à l'origine de cette défaillance surtout dans les filières scientifiques. En outre, la non-maîtrise de la langue française est un handicap pour les étudiants optant pour les spécialités techniques et scientifiques. FORMER POUR VAINCRE LA MONDIALISATION Pourquoi et pour qui formons-nous ? Une question que s'est d'emblée posée le Pr Chitour. Mettant l'accent sur l'inadéquation entre les enseignements dispensés et les besoins d'un développement durable, l'intervenant a souligné qu'il est temps de vaincre la mondialisation pour pouvoir répondre aux exigences de l'heure. Il y a des axes de recherche à faire, notamment dans l'énergie, l'hydraulique, l'agriculture et bien d'autres domaines pouvant créer une grande richesse pour le pays. «L'Algérie vit de son pétrole, énergie périssable. En 2030, elle n'aura pas cette capacité d'exporter cette énergie. D'où l'urgence de créer un ceinture de sécurité par un système éducatif performant», a-t-il suggéré. L'Algérie a besoin de milliers d'ingénieurs et de techniciens. Un objectif difficile à atteindre compte tenu des défaillances enregistrées dans le système éducatif. Selon les experts, l'instituteur est censé faire aimer à l'élève les matières scientifiques, dès les premières années d'apprentissage.