Son congrès constitutif s'était tenu les 29 et 30 juin 1990 au lendemain de l'instauration du multipartisme. A l'âge de la maturité, le parti, qui se revendique, pour reprendre les mots de sa première responsable, de «l'héritage du PPA», peut se targuer d'une fidélité à beaucoup de ses principes. Pour marquer ce jour historique, on ne s'est pas contenté des habituelles harangues politiques. La salle Atlas, pleine à craquer de centaines de militants venus des quatre coins du pays, a vibré également aux sonorités rugueuses et coléreuses du rap. Entre les interventions politiques, le ballet national a présenté différentes danses traditionnelles. L'occasion a été voulue par le PT comme un moment de réflexion et de décontraction. Louisa Hanoune a fait son entrée en compagnie du patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd et d'invités étrangers. Une manière de sceller l'action commune des deux parties qui, malgré des différences d'appréciations, ont en commun la défense des intérêts nationaux et de la souveraineté. Louisa Hanoune a repris ses habituelles et inusables antiennes sur la nécessité de «renationaliser, ne serait-ce que de manière temporaire, certains secteurs de l'économie». «Seule la propriété collectivité des moyens de production assurera, dira-t-elle, le développement». «Le secteur public, expliquera-t-elle, a droit plus que le secteur privé au soutien car le premier reverse au Trésor public ses bénéfices». M. Sidi Saïd a beau faire remarquer que «la défense de la souveraineté ne rime pas toujours avec l'efficacité», elle reste imperturbable sur son refus des privatisations et n'abordera à aucun moment le soubassement politique ou les ravages du terrorisme qui continue d'endeuiller des familles. Elle qualifiera ce qui agite la scène nationale de «révolution tranquille et organisée». La défense des travailleurs et des marginalisés demeure la ligne directrice d'un parti qui assume son caractère de classe. Elle a lancé de violentes diatribes contre l'accord d'association avec l'Union européenne qui a fait perdre, selon elle, «400 000 emplois à notre pays» et réaffirmé son opposition au code de la famille et son soutien à un statut de langue pour tamazight. Elle a expliqué à une assistance où se mêlaient hommes et femmes de tous âges, les différentes revendications de son parti notamment l'exigence de l'élection d'une Assemblée constituante qui doit être précédée de la dissolution de l'actuelle APN «illégitime», dira-t-elle. Elle dénoncera d'ailleurs l'article de la dernière loi de finances qui autorise l'importation de la friperie qualifiant l'attitude des députés de «honteuse». M. Sidi Saïd, qui a énuméré les différents acquis des travailleurs dont la finalisation de 62 statuts et de 50 régimes indemnitaires, a annoncé que «lors de la prochaine tripartite, les préoccupations des retraités, la défense de la production nationale et le relèvement du SNMG seront au centre des travaux». Pour lui, «il n'y a pas de défense des travailleurs sans la défense du pays».