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L�heure de l��criture de l�histoire de l�Alg�rie contemporaine n�a-t-elle pas sonn� ?
Par Sa�d Dahmani*
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 06 - 2010

En consultant la bibliographie relative � l�histoire de l�Alg�rie moderne et contemporaine (1 500 � nos jours), notamment celle du nationalisme (naissance, d�veloppement, luttes politiques et guerre de lib�ration), les titres produits par des historiens alg�riens, aussi bien en arabe qu�en fran�ais, apparaissent moins nombreux que ceux �crits par des Fran�ais ou des Europ�ens. Avant 1962, une des causes essentielles est la faiblesse de la formation, notamment universitaire.
Apr�s, ce sont les limites que l�administration a impos�es : ostracisme vis-�-vis de p�riodes historiques ou de personnalit�s (on vient d�interdire un s�minaire sur Messali, � Tlemcen, 36 ans apr�s sa mort !!!) ou m�me de mots, r�tention de documents, censure et autocensure. Commen�ons par l�histoire g�n�rale de l�Alg�rie de 1515 � 1954. Ch.-A. Jullien avait publi� deux ouvrages : Histoire de l�Afrique du Nord, de la conqu�te arabe � 1830; T.II, (1930), r��dit� et augment� plusieurs fois et Histoire de l�Alg�rie contemporaine, la conqu�te et les d�buts de la colonisation (1827-1871), (1964) ; ces deux titres restent une r�f�rence s�rieuse. Moubarek Al Mili avait publi�, en arabe, dans les ann�es 1930 T�r�kh al Djaza�ir f� al kad�mi wa al had�thi ( Histoire ancienne et moderne de l�Alg�rie). L�ouvrage, malgr� son titre, s�arr�te aux Ziyyanides ! Cependant, il est r�dig� dans un esprit moderne. Il semble s��tre beaucoup inspir� de l�ouvrage de Ch.-A. Jullien. Abderrahmane Al Djil�l� avait publi� �galement T�r�kh al Djaza�ir al ��m (Histoire g�n�rale de l�Alg�rie), en 1954. Il s�arr�te � la p�riode des deys. Son style est celui de l�historiographie traditionnelle. Plus r�cemment, Ch. R. Ageron a publi� Histoire de l�Alg�rie contemporaine, en 1979. Le professeur Mahfoud Kaddache a publi� une synth�se de l�histoire de l�Alg�rie L�Alg�rie des Alg�riens, de la pr�histoire � 1954 en 2003. En 2007, G. Meynier se lance, lui aussi, dans une histoire g�n�rale, dont le premier tome est L�Alg�rie des origines ; de la pr�histoire � l�av�nement de l�Islam, en attendant la suite. On remarquera que la production ��trang�re� relative � cette histoire g�n�rale de l�Alg�rie est pr�pond�rante. D�autre part, la synth�se du professeur Kaddache except�e, les autres �T�r�kh�� sont d�pass�s. Or, aujourd�hui, aussi bien le citoyen que l��tudiant ont cruellement besoin d�une histoire g�n�rale, fournie, compl�te et surtout objective d�gag�e des restrictions de toute nature, qui trace le parcours de la nation alg�rienne, le processus de sa construction. Les ouvrages auxquels il a �t� fait r�f�rence, et d�autres encore assez nombreux, �crits par les Fran�ais notamment, quelle que soit l�objectivit� de leurs auteurs, sont fond�s sur une probl�matique qui ne r�pond pas forc�ment � la probl�matique fondamentale qu�est le parcours de l��dification de l�Alg�rie dans une optique int�rieure alg�rienne ; autrement dit, ce n�est pas l�histoire de la nation et de son projet ; ces �uvres s�adressent d�abord au lectorat fran�ais. Devons-nous alors rester les �ternels ��trangers � l��criture de notre histoire� comme ce fut le cas de notre histoire dans l�Antiquit� par exemple ou de notre histoire sous la colonisation ? Justement, pour la p�riode de 1830 � 1962, le citoyen alg�rien ne trouve que peu d�ouvrages de r�f�rence dans la biblioth�que alg�rienne, produits �� l�int�rieur �. Sauf � aller, encore et probablement pour longtemps, solliciter �les autres� g�n�ralement volontiers plus �cout�s, parfois par des personnalit�s situ�es � un haut niveau : � l�exemple de l�un d�entre eux re�u souvent � bras ouverts ; r�p�tons-le : ces historiens font du bon travail, mais leur destination premi�re est le lectorat fran�ais dont le pays �tait impliqu� dans les �v�nements de cette p�riode. A ce propos, sur quel support historique s�appuient nos d�put�s qui ont d�pos� le projet de loi de criminalisation du colonialisme ? Disposent-ils d�une histoire fouill�e de la colonisation et de ses m�faits ? Ont-ils constitu� une commission d�historiens ind�pendants charg�e d��laborer, scientifiquement, cette histoire de la colonisation par �le colonis� ; histoire qui continue � �tre �crite par le concitoyen du colonisateur, f�t-il le plus honn�te et le plus objectif ? Au sein de cette p�riode, une s�quence fondamentale de l�histoire nationale : 1900-1954, reste la moins �tudi�e objectivement et scientifiquement par l�historiographie alg�rienne. En effet, l��mergence de l�Alg�rie alg�rienne contemporaine s��tait faite au cours de ce demi-si�cle. Cette p�riode avait connu une intense activit� culturelle et politique. Dans les villes qui voient gonfler leurs populations autochtones, suite � un exode forc� des populations rurales d�class�es par la d�possession coloniale de leurs terres, la solidarit� tribale �volue vers une solidarit� plus large : nationale. Eclosent alors un grand nombre d�associations culturelles et sociales, cr�ant la matrice d�une soci�t� civile. L�action et la litt�rature de ces associations r�veillent les consciences. Les associations ne tardent pas � �tre rejointes d�abord par les premi�res �lites lettr�es urbaines qui ont formul� des revendications anticolonialistes, r�clamant l��galit� dans la �cit� coloniale� en vain, puis par la fondation de formations politiques nationalistes structur�es, notamment apr�s la Premi�re Guerre mondiale. En 1954, la sc�ne politique pr�sentait un �ventail de partis politiques : le Parti du peuple alg�rien/ Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques (PPA/MTLD), l�Union d�mocratique du manifeste alg�rien (UDMA), ces deux formations �tant exclusivement alg�riennes tant du point de vue projet national que du point de vue ressources humaines. D�autres formations politiques accueillaient, en plus ou moins grand nombre, des militants alg�riens : le Parti communiste alg�rien (PCA) qui �voluera pour devenir, � la fin de cette p�riode, davantage proche des revendications nationales alg�riennes et les sections locales de la SFIO ou du MRP. C�est dire, malgr� la r�pression, les interdictions, combien une vie politique anim�e bouillonnait avec ses meetings, ses publications et ses journaux. Il existait un multipartisme national alg�rien, certes domin� par la formation la plus radicale, le PPA/MTLD, mais ce multipartisme marquait la maturit� politique de la soci�t� alg�rienne et la formation de militants aguerris en nombre et des cadres de haute valeur. Chacun de ces partis ou associations avait son projet, sa d�marche relative � la question nationale et sa vision de l�avenir. Des �changes, des contacts se faisaient ; l�id�e d�un front uni de ces diff�rentes forces avait pris forme. Or, au lendemain de 1962, s�est impos�e l�id�e fallacieuse de la responsabilit�, entre autres, du multipartisme d�avant 1954 dans le retard du d�clenchement de la lutte arm�e. Cette assertion s�appuie sur une mauvaise lecture et sur une interpr�tation tendancieuse de l�appel du 1er Novembre qui fait allusion, en fait, � la crise interne du PPA/MTLD et � sa scission dont la cons�quence fut la cr�ation du CRUA dont les membres, militants du PPA, visaient � pr�server les acquis de la conscientisation et la politisation des militants dans la pr�paration � la lutte violente. Des g�n�rations enti�res, de 1962 � nos jours, ont �t� �lev�es dans la suspicion vis-�-vis du multipartisme, dans le refus des id�es de l�autre et dans le rejet du d�bat contradictoire. On ne cessera d�insister que ces cinquante ans sont cruciaux dans la vie de la nation alg�rienne et qu�ils ont �t� insuffisamment �tudi�s, malgr� quelques �tudes dues � des Alg�riens. On notera : Belkacem Sa�dallah, Al Haraca al wataniya al djaza�iriya ( Le mouvement du nationalisme alg�rien), (1969) ; son �tude porte sur la p�riode 1900-1930 ; Ahmed Mahsas, Le mouvement r�volutionnaire en Alg�rie, de la Premi�re Guerre mondiale � 1954, (1979) ; Mohammed Harbi, Aux origines du FLN( 1975) et Le FLN, mirage et r�alit� ; des origines � la prise du pouvoir 1945- 1962 (1980) et Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme alg�rien ; question nationale et politique alg�rienne 1919-1951 (1981). A ce jour, ce dernier ouvrage fournit le plus de connaissances et d�informations sur cette tranche de l�histoire du combat politique contre le colonialisme fran�ais et sur la formation politique diverse de l�Alg�rien. C�est insuffisant pour la connaissance de cette p�riode et son importance dans le d�roulement des �v�nements Quand le combat politique s��tait av�r� dans l�incapacit� d�aboutir � l��mancipation, et que le recours � la violence �tait devenu in�luctable et seul moyen de lib�rer le pays, les premiers � avoir pris l�initiative de recourir � la lutte arm�e furent les animateurs du Comit� r�volutionnaire pour l�unit� et l�action (Crua) issus du PPA/MTLD. Avec un d�calage, d� � la croyance qu�une �r�volution par la loi�, selon la formule de Ferhat Abbas, �tait encore possible, les autres forces politiques et culturelles avaient fini par rejoindre la lutte arm�e. Il est cependant � souligner que m�me si l�adh�sion �tait �individuelle�, les militants des divers horizons, tout en assumant leurs responsabilit�s � divers �chelons du FLN/ALN, restaient porteurs de leurs sensibilit�s acquises et h�rit�es des cinquante ann�es pr�c�dentes. Mustapha Benboula�d (PPA/MTLD) et Mahmoud Cherif (UDMA), qui furent chefs de la Wilaya I (Awras-Nememchas), n�appartenaient pas � la m�me sensibilit� politique. Il y a � m�diter entre le cursus d�un Amirouche-A�t Hammouda (MTLD) et celui de Mohammedi Sa�d (ancien baroudeur). Les ministres du GPRA ne s�apparentaient pas aux m�mes horizons politiques ant�-1954� Et il ne fait aucun doute que la gestion de la lutte arm�e aussi bien humaine, politique que militaire eut � se ressentir et � s�impr�gner de cette diversit� de sensibilit�s, bien que la ligne g�n�rale f�t la norme pour tous. Les premi�res classes de militants, toutes cat�gories confondues, �taient pourvues d�une solide culture politique. D�s lors, �crire sur le d�roulement des �v�nements de la lutte politico-arm�e de 1954 � 1962 sans la lier au pr�alable, avec pr�cision et sans restriction ni ostracisme, � la p�riode de gestation cruciale de 1900 � 1954, risque de faire croire que 1954- 1962 rel�ve de la g�n�ration spontan�e, un coup de tonnerre dans un ciel serein. L�historiographie officielle, en effet, a trait� depuis 1962 l�histoire de la lutte arm�e en occultant l�essentiel de ses sources et de ses racines. G�n�ralement, la
narration a �t� restreinte � l�aspect combats militaires, � l�hommage � l�h�ro�sme, � l��vocation de certains dirigeants et � l�occultation d�autres. C�est plus une mythologie qu�une histoire rationnelle. Le cas de reniement et d�ostracisme le plus r�voltant, battant le record de la non-humanit�, est celui de la s�questration des d�pouilles de deux dirigeants de la lutte : Benabderrazzak Si El Haou�s et A�t-Hammouda Amirouche ! Dans le cas de deux publications s�rieuses pourtant, la partie consacr�e � la phase pr�-1954 occupe un espace congru : dans Mohammed Teguia, L�Alg�rie en guerre, l�avant-1954 occupe les pages 23 � 97 sur 431 pages ; et dans Slimane Chikh, L�Alg�rie en armes, l�avant-1954 occupe les pages 30 � 82 sur 527 pages. Par ailleurs, il y a � tenir compte des classes qui avaient rejoint la lutte dans la deuxi�me moiti� de la p�riode 1954-1962 ; elles �taient moins matures politiquement. De la ferveur patriotique elles en �taient gonfl�es � bloc. Mais il leur manquait la formation politique dont le FLN avait �t� plut�t avare sinon d�pourvu, dans cette deuxi�me moiti� du parcours, notamment quand il s�agissait des militants issus des campagnes. En guise de formation, ils �taient embarqu�s dans le tourbillon des ambitions pour le pouvoir de ceux qui activaient � supplanter les classes de militants des premi�res heures. Voil� un deuxi�me �l�ment important g�n�ralement absent des �crits sur la p�riode 1954- 1962. L�analyse de la composante humaine des militants de la lutte arm�e est absente. Elle expliquerait, au moins en partie, les tensions entre directions successives depuis 1954 � 1962 et leur effet sur la fin de la lutte arm�e. Il y a �galement � d�plorer vigoureusement l�indigence des programmes d�histoire dans le cursus scolaire o� se construit la personnalit� civique du futur citoyen adulte. Certes, depuis environ une d�cennie, la biblioth�que relative � l�histoire contemporaine de l�Alg�rie s�est enrichie de nombreux t�moignages et de m�moires de certains acteurs de �1954-1962�, d��tudes fragmentaires, de biographies de personnages de premier plan. Certaines publications provoquent des d�bats autour de la recherche de la v�rit� et surtout autour de la r�tention des archives. Surtout quand on sait qu�une partie de ces archives est � la disposition des chercheurs � Vincennes ou � Aix-en-Provence et non dans leur pays de naissance ! Cependant, si ces publications permettent une sorte �d�accumulation de connaissances� qui servira � l��laboration d�une histoire assez objective du mouvement national de lib�ration, dans laquelle l��dification de l�Alg�rie moderne et progressiste fut et reste le projet par excellence, il y a lieu de constater que si on n�y prenait pas garde, ces travaux auraient tendance � faire de leur objet la finalit� ultime.
S. D.


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