L'Algérie a besoin d'une stratégie et non de mesures occasionnelles pour développer son économie. Pour y parvenir, il est impératif qu'elle se dote d'un ministère de l'économie en mesure d'élaborer une politique de développement économique tout en s'appuyant sur des institutions, à l'image de ce qui se fait dans les pays développés. C'est la proposition faite, hier, par le Dr Bachir Msitfa, expert en économie, lors d'une conférence-débat sur «l'Algérie 5 juillet 2011-5 juillet 2031 …vision prospective» animée conjointement par la juriste Monia Meslem et le politologue Salim Kellala au centre des études stratégiques d'El Chaâb. Selon le Dr Msitfa, l'Algérie a obtenu ses acquis sur le plan politique, alors qu'elle a tout à faire et revoir pour développer son économie. La facture de ses importations confirme, une fois encore, sa dépendance. «Le contexte actuel impose à l'Algérie la rupture avec le système de la rente», a-t-il souligné. Un demi-siècle après l'indépendance, l'Algérie importe l'essentiel de ses produits alimentaires. En 2010, elle a importé 44 produits alimentaires pour une enveloppe de 6 milliards de dollars. La facture a augmenté de 10% durant le premier trimestre de l'année en cours par rapport à la même période de 2010. «L'heure n'est plus au constat ou au diagnostic. Elle est à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une stratégie industrielle fiable répondant aux enjeux de l'heure», a-t-il souligné. Il estime que le Conseil national économique et social (CNES) devrait se conformer à sa vocation initiale. «Comme partout dans le monde, notamment dans les pays développés, une institution pareille devrait moduler l'opinion publique et s'impliquer davantage dans toutes les politiques de développement, économique en premier lieu». Le conférencier regrette le fait que 50 après son indépendance, l'Algérie ne compte que 250.000 petites et moyennes entreprises, soit 0,8% par rapport à sa population. Situation peu reluisante, compte tenu des normes internationales qui sont de 10 à 15%. Loin de vouloir porter préjudice au citoyen, le conférencier appelle les institutions de l'Etat à rompre avec la politique d'assistanat et de subvention. «Au lieu de recourir au plafonnement de certains produits et promouvoir les transferts sociaux, l'Etat devrait engager une profonde réflexion sur les mécanismes à mettre en œuvre permettant la production en Algérie de toute la gamme de produits importés». Abordant les réformes engagées dans le département de la Justice, la juriste Monia Meslem a souligné que l'Algérie est appelée plus que jamais à œuvrer pour l'indépendance de la justice. «Des mesures ont, certes, été entreprises, mais la justice n'est pas encore indépendante», a-t-elle souligné.