La distraction des terres agricoles au profit des projets de développement se fera désormais, par décret, a annoncé mercredi le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa. «A chaque fois qu'on a besoin de distraire une terre, on passe par le gouvernement», a dit le ministre lors d'une émission de la Radio nationale. A la question de savoir si cette procédure ne contredisait pas la politique engagée par les pouvoirs publics concernant la protection des terres agricoles, M. Benaïssa a estimé qu'«au contraire, c'est une avancée dans le contrôle de la distraction des terres». Il a souligné, dans ce sens, que la loi d'orientation agricole de 2008 et celle portant sur l'exploitation des terres du domaine privé de l'Etat de 2010, avaient fixé le cadre dans lequel les terres ‘'à faibles potentialités agricoles'' peuvent être utilisées pour la réalisation des projets d'équipements publics et des constructions. «Donc, pour nous, c'est une avancée dans le contrôle de la vocation de la terre et essayer, à travers cela, de limiter au maximum les distractions inutiles ou les distractions des terres à forte potentialités agricoles», a estimé le ministre, qui voit en cette procédure «un pas vers la rationalisation et la protection des terres agricoles». M. Benaïssa a souligné que la décision que venait de prendre le gouvernement pour réguler la distraction des terres répondait à un besoin de réalisation de projets de développement. «Il y a toujours un équilibre à trouver dans le développement. Mais l'essentiel c'est de faire en sorte que ces distractions soient rationnelles, c'est-à-dire qu'on ne touche pas aux terres à hautes potentialités agricoles», a-t-il dit. «C'est pour cela qu'aucun hectare ne peut être enlevé sans que cela ne soit décidé par le gouvernement», affirme-t-il. Le ministre a estimé également que cette mesure visait à éviter les détournements des terres agricoles. «C'est triste de constater qu'il y a eu des distractions dans plusieurs zones du pays et que parfois nous sommes devant le fait accompli», a-t-il dit. Selon lui, «pour sortir de cette situation», les ministères de l'Habitat et de l'Intérieur comptent également réactualiser les plans de développement et de l'aménagement urbain pour rationaliser les terres urbanisables et celles non urbanisables. Interrogé si la surface agricole utile dont dispose actuellement l'Algérie (8,5 millions d'ha) allait répondre aux besoins de la sécurité alimentaire, le ministre a expliqué que des actions sont menées pour augmenter les superficies agricoles à travers des programmes de mise en valeur et de gain de nouvelles terres. Il a fait savoir que 300.000 ha ont été mis en valeur, l'objectif étant d'arriver à 500.000 ha. «Il y a également la valorisation des terres non exploitées et celles détenues par les privés, à qui nous demandons de les mettre en valeur à travers des dispositifs incitatifs», a-t-il ajouté. «De l'autre côté, a-t-il poursuivi, il y a une demande de 5.000 à 6.000 ha pour l'urbanisation que nous essayons de cantonner sur des terres de moindre valeur agronomique».