Photo : Lylia. M. Il y a une tradition qui veut qu'une fois l'été arrivé les vieilles dames demandent à partir à la mer. Au moins une fois au cours de la haute saison, certaines d'entre elles veulent accomplir le rite de la mer. Et si la mer était considérée comme une entité féminine en soi au Maghreb, les esprits qui règnent sur les vagues et les flots bleus et salés, «R'djal el bahryia», sont ces êtres invisibles «mâles» qui ont signé un pacte de paix et d'amitié avec les grand-mères. «Tu viens à moi en pèlerinage, je te donne la santé pour toute l'année.» Voilà en substance ce qu'elles veulent bien vous expliquer quand on est trop curieux sur ce besoin qu'elles ont d'aller se baigner. En gandoura, ou en fouta, elles entrent dans l'eau en prononçant «bissm Allah», puis comme pour les ablutions de la prière, elles font les mêmes gestes. Une vieille dame raconte qu'elle jette toujours une pièce de monnaie. «Avant c'était la pièce de cinquante centimes que l'on dédie au gardien des flots, Sidi Brahim.» Quoi qu'il en soit, cette vieille croyance veut que si la femme ne s'immerge pas dans les eaux, elle jette par-dessus ses épaules sept fois l'eau de sept vagues. En les comptant consciencieusement. Beaucoup d'entre elles font cette «ziara» à un saint et maître invisible sans tenir compte du côté superstitieux et fétichiste de la chose. Il leur faut cette manière de soigner, qui ses rhumatismes, qui ses insomnies, qui ses petits tracas de santé… des us remontant loin dans le temps. Ce temps où se soigner faisait appel aux plantes et forces de la nature.