Après Hassi Messaoud en 2001 où des femmes, dans le quartier d'El-Haicha, ont été attaquées parce que soupçonnées de prostitution, l'appartement de deux autres femmes a été incendié à la cité Chebilia dans la wilaya de M'Sila. Heureusement que cet acte n'a fait aucune victime. Devant ces agressions, l'Observatoire des violences contre les femmes (OVIF), composé de plusieurs associations féministes, est monté au créneau pour dénoncer la passivité des pouvoirs publics. Dans une conférence de presse organisée, hier, à Alger, Mme Chérifa Khedar, de l'association Djazairouna et Mme Dalila Djerbal, membre fondatrice de l'OVIF et d'autres associations ont condamné fermement l'acte de ces «justiciers». «Au nom de la morale, ils brûlent les maisons des femmes, les agressent et ce sont eux-mêmes qui utilisent les femmes comme des objets sexuels pour assouvir leurs frustrations, dans leur volonté de puissance et de domination», a indiqué Mme Djerbal. A cet effet, l'OVIF interpelle les ministères de l'Intérieur et de la Justice pour «assumer leurs rôles respectifs. Il faut mener des enquêtes qui dévoileront les vrais coupables et exiger de la justice des sanctions pour les crimes commis contre les femmes. Pour qu'il n'y ait plus d'agression contre les femmes seules, l'Etat doit assurer leur protection contre les velléités d'hommes qui s'érigent en gardiens de la morale publique». Mme Djerbal dira que «la prostitution est d'abord un système qui bénéficie aux hommes car ce sont eux les consommateurs» et elle (la prostitution) «alimente en milliards des réseaux de maffieux bien protégés, réseaux, reconnaît-elle, auquel participent quelques femmes». «La prostitution, par contre, détruit les vraies victimes qui sont des femmes, des enfants et des jeunes hommes», a-t-elle indiqué. Et ce système, confirme-t-elle, prospère grâce à la précarité sociale de plus en plus large car des franges de la société traînent de lourdes détresses familiales où des violences subies sont le plus souvent impunies. L'OVIF tire la sonnette d'alarme et rappelle que le code pénal dans ses articles 342, 343, et 344 sont en vigueur pour être appliqués puisqu'ils condamnent l'incitation à la débauche, entre autres, et rappelle encore une fois, la ratification des conventions internationales dont celle relative au trafic des êtres humains.