«Il y a 20 ans, il n'y avait pas de Web. Il y a 15 ans, Google n'existait pas. Il y a 10 ans, nous n'avions pas de comptes Facebook. Et il y a 5 ans, pas de Twitter», énumère Adam Croizer, le président de la société britannique de télévision ITV, lors du Changing Media Summit, la conférence organisée par The Guardian à Londres, fin mars dernier. La révolution numérique du journalisme est maintenant derrière nous. Cependant, certains éditeurs n'en reviennent toujours pas, mi-fascinés mi-effrayés, d'apprendre à vivre avec ce tsunami digital. Depuis le début de l'année 2011, se multiplient les signes de cette nouvelle ère. Autant de preuves que le monde, privé et professionnel, journalistique et technologique, continue à changer. En guise d'introduction à la conférence, Rory Cellan Jones, journaliste spécialisé en nouvelles technologies pour la BBC, égrène la liste des événements qui poussent les journalistes à reconsidérer leur rôle et… leur influence. En janvier et février de cette année, les révoltes en Tunisie, puis en Egypte, sacrent la chaîne Al Jazeera english, très active pour couvrir ces événements. C'est à ce moment-là que s'installent, sur nombre de sites d'informations généralistes dans le monde, des «lives» longue durée, composés de textes, de photos, de vidéos, de commentaires, de messages issus des réseaux sociaux, d'informations brutes et d'analyse journalistique. Le 2 février 2011, lancement de The Daily créé par Rupert Murdoch, qui détient également The Sun et The Wall Street Journal ; ce magazine payant n'est disponible que sur iPad. Son prix : 99 cents la semaine, 39.99 dollars l'année. The Daily «n'est pas qu'une application, c'est une nouvelle voix», peut-on lire sur leur présentation. En mars, la chanteuse Lady Gaga donne une interview sur… Google. Une interview «exclusive» d'une durée d'1 h 11 avec public, applaudissements, et questions des internautes, dans laquelle la chanteuse se dit «très honorée» d'être chez Google, se souvenant qu'au lycée, ses amies rêvaient de travailler pour le moteur de recherche américain, et qu'elle rêvait, elle, d'être le mot «que celles-ci cherchaient». Cela va sans dire, la vidéo de la rencontre entre Lady Gaga et Marissa Meyer, vice-présidente de Google, a été publiée sur YouTube, la plate-forme du géant américain.