Il s'agit de Mohamed Ibn Mohamed Ibn Tarkhan Ibn Awzalag, Abu Nasr al-Farabi, considéré comme le Deuxième maître dans l'exégèse des œuvres d'Aristote, celui-ci étant le Premier. Al-Farabi, connu en latin comme Alfarabius, est né à «Farab», au Turkestan, où son père, un Turc, occupait une importante fonction militaire. A son égard, le Dr Ali Abdelwahed Wafi dit : «On ignore presque tout de l'enfance d'al-Farabi ou des stades ultérieurs de sa vie.» L'on sait seulement qu'il a étudié dans sa ville natale un ensemble de matières telles que les sciences, les mathématiques, les lettres, la philosophie et les langues, en particulier le turc, le persan, le grec et l'arabe. Il se rendit en Irak à un âge avancé pour poursuivre des études supérieures en philosophie, en logique et en médecine, auprès du médecin chrétien Yuhanna Ibn Khaylan. Il s'appliqua également à l'étude de la linguistique arabe et de la musique. De l'Irak, il passa en Egypte, puis en Syrie où il se fixa à la cour de Sayf ad-Dawla, à Alep, occupant une place proéminente parmi les savants, les hommes de lettres et les philosophes. Al-Farabi mourut célibataire à Damas à l'âge de quatre-vingts ans après une vie chargée d'apports dans tous les domaines du savoir. Considéré comme le plus grand philosophe musulman, ses contemporains lui décernèrent le titre de «Deuxième maître» en raison de l'intérêt particulier qu'il accordait aux œuvres d'Aristote, le «Premier maître», à leur explication, l'ajout d'annotation et de commentaires. La philosophie d'al-Farabi se distingue surtout par ses tentatives visant, d'une part, à accorder l'aristotélisme avec le platonisme, et d'autre part, la religion avec la philosophie. Il a, en outre, introduit la doctrine de l'émanation dans la philosophie islamique et établi les premiers fondements du soufisme philosophique. Outre sa notoriété en matière de philosophie et de logique, al-Farabi a laissé son empreinte dans d'autres sciences, telles que les mathématiques, la médecine et la physique. Dans ce dernier domaine, par exemple, il a apporté la preuve de l'existence du vide. Ses plus importantes contributions scientifiques apparaissent dans son ouvrage «Ihsaa al-Ulum» (inventaire des sciences) dans lequel il a établi les principes de base des sciences et leur classification, les divisant en groupes et branches, tout en indiquant les sujets rattachés à chacune des branches ainsi que leur utilité. Son savoir touchait également à la musique, et sa thèse, dans ce contexte, constitue le premier embryon du concept de logarithme. Carra de Vaux écrit, à cet effet, dans «Tourath al-Islam» (patrimoine de l'Islam) que : «Al-Farabi, le Deuxième maître après Aristote et l'un des parangons du platonisme moderne qui ont appréhendé la philosophie des ancêtres, a écrit une thèse illustre en musique, un art dont il est passé maître, et où il asseoit l'idée première des logarithmes, soulignant, ce faisant, la relation entre les mathématiques et la musique.» «Al-Farabi était un philosophe et un mathématicien inégalable et de grande renommée, de même qu'un excellent musicien.»