Les scientifiques le savent bien, les nawafil ou prières des Tarawih durant le mois de Ramadhan permettent de pratiquer «un exercice physique modéré et particulier à chaque muscle de notre corps». Les prières dites «tarawih» ou prières surérogatoires accomplies après El Icha sont le trait saillant du mois de Ramadhan pour les Algériens et les musulmans d'une manière générale. Aussitôt le f'tour, rupture du jeûne, consommé, les fidèles affluent de toutes parts et en grand nombre vers les lieux de culte qui sont vraiment débordés en cette période. Les moindres espaces alentours sont «réquisitionnés» pour la prière, la chaussée devient un espace tapissé et les fidèles s'adonnent à la lecture des versets du Saint Coran, à des incantations. C'est le mois sacré par excellence où un effort particulier est consenti par tout un chacun pour mériter la bénédiction de Dieu en clôturant tous les versets du Coran. On y vient de partout et la distance ne dissuade personne y compris les personnes âgées. Des handicapés sont là en première ligne où des places leur sont réservées. Un jeune nous confie qu'aujourd'hui grâce à son fauteuil électrique, il n'a plus besoin d'une tierce personne et «cela m'a permis d'être au rendez-vous pendant quatre années consécutives». Il est jeune et s'en est tiré par miracle d'un accident. «Depuis, la mosquée est mon seul refuge», dit-il. Près de lui, des personnes plus âgées sont là aussipour les tarawih. Il y a même des personnes atteintes de graves maladies et bien qu'elles soient dans un état déplorable, elles ne ratent ni ces prières traditionnelles ni la prière du Sobh, tôt le matin. Bien qu'elles soient éreintantes de par leur nombre, jusqu'à huit «rakaâtes» par jour, et peuvent aller jusqu'à minuit, ils ne tiennent absolument pas à les rater. «En aucun cas», disent-ils. «C'est une occasion pour nous d'apprendre en chœur le saint Coran», ce qui n'est pas évident pour les analphabètes ou ceux qui ne maîtrisent pas la langue du Coran. Les tarawih attirent toutes les catégories d'âge, qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes. On s'entasse dans des voitures en famille pour rejoindre la mosquée. La bouteille d'eau est de rigueur pour se désaltérer en ces moments des grandes chaleurs. Le rituel continue jusqu'à la Nuit du doute qui marque la fin de la période du jeûne. Et ceux qui auront raté cette pratique prescrite par le Prophète auront laissé passer «une montagne de bienfaits», nous explique un imam. Selon lui, l'afflux aujourd'hui des fidèles aux mosquées, y compris en dehors du Ramadhan est un signe de la maturité de notre jeunesse. Elle résulte de sa soif de comprendre. Quant aux autres bienfaits, «il est inutile de trop s'y étaler», ajoute-t-il. On sait que toute notre pratique religieuse a des vertus thérapeutiques et spirituelles évidentes, «depuis les ablutions jusqu'aux mouvements de la prière – le Takbir, la position debout, l'inclinaison, la prosternation, la position assise et le Taslim...» Les scientifiques le savent bien, les nawafil ou prières des Tarawih permettent de pratiquer «un exercice physique modéré et particulier à chaque muscle de notre corps». L'énergie nécessaire entraîne «une déficience d'oxygène et des nutriments musculaires, puis une vasodilatation, une augmentation de la taille des vaisseaux sanguins, qui permet au sang de circuler aisément vers le cœur. Cette charge temporairement accrue permet de fortifier le muscle cardiaque et d'y améliorer la circulation», explique un universitaire.