Les économistes algériens craignent une nouvelle récession aux Etats-Unis qui affecterait les cours du brut et par transition les placements des réserves de change de l'Algérie à l'étranger. Selon Abderrahmane Mebtoul, expert International, «d'une manière générale, les placements algériens à l'étranger garantis par les Etats ne risquent rien pour le principal, mais se pose le problème des rendements, le taux d'intérêt étant de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme afin de couvrir le taux d'inflation mondial. Le placement à court terme étant avec les taux directeurs des banques centrales américaines et européennes non rentables». Pour ceux à moyen terme, selon lui, «le retrait avant terme entraîne une perte pour l'Algérie et il est préférable, actuellement de les laisser ne risquant rien pour les seuls montants garantis par les Etats». Ce qui n'est pas le cas pour les placements et avoirs algériens dans les banques privées dites AAA qui ont été décotées. «Dans ce cas, il y a perte sèche». Pour cet expert algérien, «un grand débat national s'impose». Et celui-ci doit dépasser l'aspect monétaire, afin de relancer la sphère réelle et générer des emplois créateurs de valeur ajoutée afin de diminuer les tensions sociales. Le grand problème des réserves de change placées à l'étranger et utilisées à des fins de développement au niveau interne, c'est qu'elles dépendent d'ailleurs du niveau de l'inflation, des taux d'intérêts, de la cotation du dollar et du rendement des bons de trésor. Un rendement largement tributaire de la stratégie des Chinois et des Japonais qui, avec leurs 3400 milliards de dollars de réserves de change en 2011, ont placé 2150 milliards en bons de trésor américains. Et pour cause, ces deux pays dépendent de l'évolution de l'économie américaine pour leurs exportations. Selon les données officielles contenues dans le bulletin numéro 13 en date de juillet 2011 de la banque d'Algérie, données semblables à celles de la banque mondiale, les réserves de change sont évaluées à 162 milliards de dollars, y compris les réserves d'or, indique M. Mebtoul. Pour sa part, l'expert Liès Kerrar, patron du cabinet Humilis Finance, signale que «le plus préoccupant actuellement, ce n'est pas tant la part de nos réserves de change placée en bons du trésor américain», mais «l'abaissement de la notation de la dette américaine par Standard & Poor, la semaine dernière qui aurait pu «théoriquement» affecter la valeur des titres du trésor américains». Cependant, note-t-il, «d'autres aspects plus prépondérants ont prévalu. Le plus important est que, même rétrogradée, la dette américaine n'a pas encore de «remplaçant». D'ailleurs, explique-t-il, «les rendements sur les obligations à long terme du Trésor US n'ont pas augmenté depuis la semaine dernière. Ils ont baissé». Donc, «à court terme, il n'est pas justifié d'avoir des inquiétudes particulières sur la partie des réserves de change du pays placées en dette américaine», s'est-il réjoui. Néanmoins, «ce que les turbulences des marchés depuis plus d'une semaine remettent sur la table, c'est le spectre d'une nouvelle récession. Et un ralentissement économique mondial risque d'affecter le cours des hydrocarbures comme cela s'est passé en 2008», a conclu M. Kerrar. Samedi dernier, le ministre des Finances a rassuré sur ces placements. Dans un entretien à l'APS, il a affirmé que nos placements sont sécurisés sur trois plans : leur capital est garanti, ils sont couverts contre les risques de change et ils sont liquides, c'est-à-dire que nous pouvons les retirer à tout moment».