Les experts tirent à nouveau la sonnette d'alarme quant aux placements de réserves de changes algériens à l'étranger, notamment aux Etats-Unis qui sont actuellement affectés par une grave crise d'endettement public. Selon Karim Djoudi, ministre des Finances, 80% des 157 milliards de dollars sont déposés à l'étranger en bons de Trésor, dont 45% aux USA, 45% en euros à la Banque centrale européenne, le reste, soit 10%, partagé entre le yen japonais et la livre sterling à des taux de rendement estimés presque à 0%. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui, pour rappel, est la seule autorité habilitée à gérer ces fonds de placements à l'étranger, le rendement de ces réserves est de l'ordre de plus de 4%, ramenant presque 5 milliards de dollars d'intérêts par an. Or, pour le docteur Abderrahmane Mebtoul, «le rendement est bien en deçà de ces chiffres» avancés par le gouverneur de la Banque d'Algérie. Pour étayer son appréciation, le Dr Mebtoul l'explique par «le taux d'inflation alarmant actuel et le faible taux d'intérêt accordé par la FED mais également par la Banque centrale européenne». Le wait and see de la banque d'Algérie En d'autres termes, le Dr Mebtoul aborde encore une fois la question de la transparence de la gestion des réserves de changes, notamment en ces temps de crise, même si la rente actuelle a mis à l'abri, à court terme, l'Algérie des effets néfastes de la crise qui secoue les Etats-Unis et l'Europe. Ni la Banque d'Algérie, encore moins le ministère des Finances ne donnent des éclairages sur la manière avec laquelle les fonds sont placés, à moyen ou à court termes, sachant que les taux d'intérêt sont variables selon les formules choisies et négociées. L'Algérie a misé, selon le Dr Mebtoul, sur «la sécurité» en plaçant l'argent dans des bons de Trésor à la réserve américaine et européenne, alors que si l'Algérie avait pris des risques, par exemple en convertissant l'argent en or, le pays aurait aujourd'hui profité de l'envolée des cours de l'or sur le marché mondial, le prix de l'once étant passé de 800 dollars en 2009 à 1600 dollars actuellement, et les réserves de changes auraient doublé passant à plus de 300 milliards de dollars. Mais la Banque d'Algérie semble observer ce qui se passe à l'étranger, sans «aucune réaction» en attendant que l'instabilité s'estompe. Même si cela risque de coûter cher à l'Algérie en cas de crise politique grave. On l'a vu avec nos voisins où les avoirs et les placements à l'étranger ont été gelés. n