Retour à Tripoli sur la côte. Il fait un nouveau crochet par le Krak des Chevaliers et Homs (Emèse), il descend le cours de l'Oronte vers Hama, «ville charmante et exquise entourée de vergers où tournent des roues hydrauliques.». Se dirigeant toujours vers le nord il atteint Alep. Il s'attarde sur la description de la citadelle, citant un poète : «l'âpre citadelle se dresse contre ceux qui veulent la prendre avec sa haute vigie et ses flancs abrupts.» De là, il retourne encore une fois vers la côte à Antioche. Il redescend vers le sud jusque Lattaquié, puis au pied de la forteresse du Marquuab qu'il dit semblable au Krak des Chevaliers, puis vers Baalbek puis revient à Damas pour s'y attarder car « si le paradis est sur la terre, c'est à Damas et nulle part ailleurs». Dans la mosquée omeyyade de Damas, il dit voir le tombeau de Zacharie, le père de Jean-Baptiste, alors que Ibn Joubayr (1145-1217) un siècle avant lui parlait du «mausolée de la tête de Jean, fils de Zacharie» comme le veut la tradition actuelle. Il reçoit à Damas la licence d'enseigner en 1326 et part vers La Mecque avec une caravane. La caravane fait halte à Bosra pour quelques jours. Au passage il passe près «de la demeure des Thamûd creusées dans des montagnes de grès rouge avec des seuils sculptés et qu'on croirait construites récemment. Les ossements cariés sont à l'intérieur des demeures.» Il s'agit certainement du site de Pétra en Jordanie où la plupart des abris creusés dans la falaise n'étaient pas des maisons mais des tombeaux, mais l'interprétation d'Ibn Battûta va dans le sens du Coran : Les habitants d'al Hijr avaient traité les envoyés d'imposteurs. Nous leur avions montré nos signes mais ils s'en sont détournés. Ils creusaient leurs maisons dans la montagne et s'y croyaient en sûreté. Leurs actes ne leur ont servit à rien. Le Coran (XV, 80-84) Arrivé à Médine, Ibn Battûta va se recueillir sur la tombe de notre prophète Mohamed (QSSL). Il raconte les diverses étapes de l'agrandissement de la mosquée et des querelles que cela amena entre les divers clans de la famille. Après avoir fait le tour des sites que le prophète avait fréquenté, il repart pour La Mecque. Ibn Battûta fait une assez longue et précise description des lieux et des rites du pèlerinage. Dix jours après la fin du pèlerinage, il part avec une caravane en direction de l'Irak (17 novembre 1326). Ibn Battûta passe à Nadjaf y voir le tombeau de `Ali (qu'Allah l'agrée), il fait le récit de miracles ayant lieu sur ce tombeau mais il précise ne pas y avoir assisté lui-même. Alors que la caravane repart vers Bagdad, Ibn Battûta décide d'aller à al-Basra (Bassora). Là en assistant à la prière il s'étonne de voir l'imam commettre des fautes de langage. Après un passage à Abadan il va à Ispahan. Ce voyageur termina sa vie au Maroc comme juge appartenant à l'école malikite. Ibn Batouta est le seul voyageur médiéval connu à avoir visité les pays de chaque gouvernant musulman de son temps. Il a été le seul à avoir connu l'ensemble du Dar El Islam de son époque ! Ses étapes maritimes montrent que les musulmans du XIVe siècle dominaient l'activité maritime en Mer Rouge, dans le golfe arabo-persique, dans l'océan indien et en Mer de Chine.