Le festival du théâtre amateur amazigh de la ville d'Akbou, qui s'est dernièrement ouvert, se poursuit jusqu'au 23 août 2011 à la maison de jeunes Abderrahmane-Fares d'Akbou et dans les villages voisins. Ce festival cumule depuis sa création, il y a sept ans, une riche expérience. Cette rencontre, initiée par l'association «Etoile culturelle» d'Akbou avec le soutien de la fondation «Pour le futur», est dédiée exclusivement à la mémoire du dramaturge, poète et homme de culture, Mohand Ouyahia dit Mohia. Cette manifestation enregistre la participation de seize troupes théâtrales issues des localités de Béjaïa et de Tizi Ouzou. Les représentations théâtrales auront lieu dans plusieurs sites et communes. Il s'agit des maisons de jeunes d'Akbou, Ighram, Amalou et Chellata. Ce festival vise à encourager et à promouvoir le théâtre d'expression amazighe, rappeler à la mémoire collective Mohia à travers ses œuvres, développer l'animation de proximité par la création d'un climat festif à l'occasion du mois sacré de Ramadhan, développer aussi l'échange entre les professionnels du 4e Art et permettre un espace d'expression. La cérémonie de clôture de ce festival, prévue demain, qui coïncide avec le 23 août, verra la présentation d'une pièce intitulée «Sin Enni» écrite par Muhand Ouyahia, mise en scène par Latreche Mouhoub et produite par le Théâtre régional de Béjaïa. Il est nécessaire d'organiser pareille manifestation, car la conservation de la mémoire collective reste la seule arme pour affronter la mondialisation déferlant sur les peuples de la planète. Dramaturge, poète et homme de culture, Mohia, aura durant sa courte carrière contribué à faire connaître auprès d'un bon nombre de jeunes lecteurs, les textes de Nazim Hikmet, Bertold Brecht, Alfred Jarry ou Eugène Pottié. Mohand Ouyahia est également l'auteur de chansons popularisées chantées par Idir, Ferhat, Takfarinas, Ideflawen, Malika Doumrane ou le groupe Djurdjura. Il laisse surtout un ensemble de plus d'une vingtaine de pièces de théâtre originales (Tachvaylit, Sinistri, Moh Terri...) et d'adaptations comme Si Pertuff, traduite de Tartuffe de Molière, Muhend Ucaban, d'après «Le Ressuscité de Lu Sin», ou encore «Am win yetsrajun Rabbi», adaptée de «En attendant Godot» de Samuel Beckett. Joué essentiellement par des troupes de théâtre amateur, les œuvres de Mohia témoignent du génie de ce dramaturge. Et c'est à juste titre qu'il se voit rendre un hommage mérité en Algérie lorsqu'en 1992, l'humoriste Fellag porte à la scène «Sin Nni» son adaptation des Emigrés de Slawomir Mrozek. Créée au Théâtre de Béjaïa et reprise à Alger, la pièce a bel et bien connu un très grand succès.