Zohra Drif Bitat, sénatrice et vice-présidente du Conseil de la nation, est convaincue que le jeûne est une question de conviction qui découle d'une éducation islamique dense et rigoureuse. Elle affirme qu'elle n'a jamais accueilli ce mois avec appréhension. Au contraire, il s'agit d'un mois de piété par excellence. Comment Mme Drif accueille-t-elle le mois sacré ? A mon sens, le Ramadhan intervient dans l'ordre des choses. Alors à quoi bon avoir peur de le subir, alors qu'il s'agit d'un devoir religieux qui fait partie de nous en tant que musulmans depuis des lustres. Nos parents et nos grands-parents, à mesure que le Ramadhan approchait, adoptaient un seul leitmotiv : «Ydjina besha oulehna.» (qu'il apporte santé et paix dans son sillage). On croit savoir que vous êtes une bonne cuisinière ? Oui, bien évidemment je cuisine. La fille algérienne reçoit, dès son jeune âge, une éducation riche et variée et celle qui ne côtoie pas le fourneau a un énorme manque à gagner. Pour ma part, comme dit l'adage, je me dois d'avoir un métier à chaque doigt («koul sbaâ bsenaâ»). J'agrémente ma table en fonction de ce que j'ai dans mon couffin, comme disent nos ancêtres. Je varie entre la chorba frik, la h'rira et autres mets. Je peux préparer divers plats. L'important pour moi, c'est de rompre le jeûne en ayant à cœur le devoir de satisfaire une obligation religieuse des plus importantes. Le mois sacré doit être une occasion idoine pour se remettre en cause et revoir la copie de toute une année. Espérons êtres en parfaite santé lors du prochain Ramadhan et que Dieu agréé notre jeûne surtout. Quelles sont les vertus du jeûne ? L'important, durant ce mois, n'est pas de varier les plats mais de bien accomplir le jeûne. Certains ont tendance à courir du matin jusqu'au f'tour après leurs caprices. Ils déambulent dans les marchés à la quête d'une saveur originale, d'une nouveauté qui peut faire le bonheur de leur estomac. Le Bon Dieu a clarifié les préceptes du vrai jeûne : l'abstinence alimentaire ajoutée à l'abstinence comportementale. Je n'aime pas trop parler du jeûne, d'autant plus qu'il est question d'effectuer un acte religieux que seul le Bon Dieu est apte à en juger la crédibilité. Le jeûne appartient à Dieu et c'est lui qui le récompense. Vous faites vos emplettes vous-même ? Oui, je fais les courses le matin comme toutes les Algériennes. Je tente d'apporter un peu de joie autour de moi. J'aime me sentir femme sur tous les plans.