Délogés des rues du 19 juin 1965 et de Didouche Mourad, les marchands ambulants profitent encore une fois du laxisme des autorités locales pour revenir en force à l'occasion de l'Aïd. En effet, ce type de commerce reprend de plus belle dans certaines parties de la ville, plus ou moins épargnées par le phénomène ces derniers mois, en particulier au boulevard Belzouidad l'un des plus animés du centre- ville et où chaque jour des groupes de jeunes s'installent illégalement sur les trottoirs. Si avant le f'tour, la rue est plutôt calme à cause de la chaleur, le soir venu, c'est tout le boulevard qui se transforme en un véritable souk : lingeries, jouets et parfums, des articles voués aux achats de l'Aïd. Selon un habitant du quartier « la majorité des vendeurs ambulants sont étrangers au quartier et sont eux qui squattaient durant des mois la rue du 19- Juin 1965 qui, rappelons- le, ont été relogés au mois de juin dernier dans l'ancien Souk El Fellah à la zone industrielle Palma. Et malgré le fait que l'APC leur ait offert des stands, beaucoup d'entre- eux restent cependant insatisfaits et ont donc décidé ou bien de se séparer temporairement de leur nouveau lieu de travail ou bien de tout louer car, selon eux, l'endroit est très isolé. En tout cas, cette nouvelle situation mettrait les autorités locales dans l'embarras si jamais ces «squatteurs» décidaient de s'implanter de nouveau au centre-ville. Que faudrait-il faire dans ce cas ? D'autres parties de la ville sont elles aussi touchées par l'anarchie engendré par le commerce informel. Ainsi, à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, déjà rongée par l'insécurité, la pauvreté et la saleté, une rue a été carrément fermée aux automobilistes pour laisser en «paix» les commerçants ! Il s'agit de toute l'artère située près du centre commercial El Ritadj, là où depuis le premier jour du Ramadhan des dizaines de vendeurs ont envahi les lieux. Une véritable pagaille, commente un jeune habitant du quartier qui ne comprend pas ce laisser-aller : «Après quelques jours lorsqu'ils ont constaté qu'ils étaient de plus en plus nombreux, les policiers sont intervenus pour couper tout simplement la rue, permettant ainsi aux commerçants d'occuper plus d'espace. C'est vraiment honteux surtout que ces commerçants sont vraiment insolents et irrespectueux des lieux, il faut voir dans quel état ils laissent les trottoirs». Le problème du commerce informel, qui s'est aggravé depuis les émeutes du mois de janvier, est loin d'être résolu dans la capitale de l'Est, la preuve : certains vendeurs nous ont juré qu'ils ne comptent pas aabandonner leurs emplacements et promettent de revenir après l'Aïd. La rentrée scolaire approche et les Constantinois s'attendent déjà à voir les fournitures scolaires joncher le sol des rues, les autorités locales sauront-elles comment réagir ou laisseront-elles faire comme ça a été le cas ce mois-ci ?