Les textes de loi organiques relatifs aux élections et à la participation de la femme dans la gestion des assemblées élues, issus du dernier conseil des ministres, semblent inquiéter le Mouvement Ennahda. Fatah Rebaï, secrétaire général du parti, n'a pas caché, hier lors d'une journée d'étude, «ses craintes» quant à l'aboutissement de ces réformes politiques. Pour lui, la réforme de la Constitution passe avant les lois organiques. «Il est à craindre que la prochaine Constitution soit soumise à ces lois», a-t-il souligné. Cela étant, le parti, a-t-il dit, a proposé l'organisation des élections, avant toute réforme politique, tout en pointant du doigt la méthode avec laquelle sont menées les réformes en question. M. Rebaï a exhorté les autorités à saisir «cette chance» en vue de concrétiser un vrai changement. Cela étant, ce parti endosse la responsabilité, si ce processus échoue, aux autorités qui «n'ont pas su soutenir les aspirations et les mutations de la société algérienne» ainsi qu'aux partis politiques qui profitent de cette situation». En outre, et tout en disséquant le contenu du projet de loi organique relatif aux élections, le même orateur soulignera la nécessité de ne pas associer l'administration qui est, à ses yeux, à l'origine de la fraude. Il a appelé les partis politiques à s'impliquer au sein des commissions communales et de wilaya pour assurer la surveillance des élections. M. Rebaï dit ne pas croire à la commission nationale de surveillance des élections. Il a rappelé que celle-ci avait, lors des élections de 2007, soulevé des irrégularités, mais qui n'ont pas été prises en charge. Pour être transparentes, a-t-il dit, «les élections doivent être supervisées, du début jusqu'à la fin de l'opération, par les magistrats et non par l'administration». Sur un autre plan, le Mouvement s'oppose au système de quotas réservé à la femme dans la gestion des assemblées élues. Les concepteurs dudit projet, pense Rebaï, doivent songer à désigner 30% de femmes à la tête des wilayas et autant de chefs de daïra et ambassadrices. Ceci étant dit, il a promis que son parti, par le truchement de ses parlementaires, œuvrera jusqu'à la concrétisation pacifiquement de vraies réformes. Lui emboîtant le pas, Guezou Mohand-Akli, professeur en droit constitutionnel, estime que ces textes de loi n'ont pas apporté quelque chose de nouveau, ajoutant que l'actuel parlement n'est pas en mesure de mener ces réformes. En guise d'arguments, il a cité l'article 28 relatif au président de bureau de vote qui stipule que ce dernier est désigné par le wali. Ce qui, à ses yeux, ne garantit pas la transparence des élections.