«118 personnes tracent les lignes politiques des grands médias américains», affirme Mohamed Hadir, un universitaire algérien qui exerce à Houston, au Texas, lors d'une conférence-débat sur «le rôle des médias dans la stratégie mondiale américaine», qu'il a animée, hier, au Centre de recherche stratégique et sécuritaire. «80% du flux médiatique mondial est américain», précise un participant. Deux chiffres qui donnent une idée sur la concentration des pouvoirs dans le monde des médias au pays de l'Oncle Sam et qui explique amplement l'alignement de la presse américaine et du reste du monde sur les «desiderata» des néo conservateurs déterminés plus que jamais, depuis le 11 septembre 2001, à stopper le déclin de l'empire et dominer le monde en lui livrant une guerre totale. Pour mener à bon port ce projet, ils actionnent tous leurs leviers. Leurs élites d'abord, dont plus de quatre mille docteurs d'origine algérienne. Ils les mobilisent pour vendre le «discours» de l'hyper puissance aux cadres américains et à leurs partenaires étrangers. Les médias ensuite. En service commandé, on leur demande d'«informer» les opinions publiques, le plus souvent, nulles en connaissances politiques, mais assez portées sur la religion pour qu'elles s'alignent sur les positions US. Les journalistes, qui sont tentés de refuser d'écrire sous la dictée des militaires, en Irak, Afghanistan ou Libye, sont vite éjectés ; les intellectuels aussi, qui contribuent avec 290.000 livres par an contre 5000 seulement dans le monde arabe, quand ils sont trop critiques. Dans les deux cas, on vire à tour de bras. Dans cette «liberté d'expression contrôlée», même les responsables politiques y passent. Comme Colin Powel qui a accepté de lire au Conseil de sécurité un «faux» sur les installations nucléaires irakiennes ficelé par le Pentagone. Dans leur «générosité», les néo conservateurs, qui ont su manœuvrer avec les révélations de Wikileaks pour semer la zizanie dans les capitales arabes essentiellement, jouent aisément sur la relation triangulaire (décideurs - médias - financiers) en offrant au reste du monde des analystes politiques à la carte, comme ceux qui passent souvent sur Al Jazeera et Al Arabia pour donner leurs avis sur l'Islam, la souveraineté nationale, la liberté, la démocratie... Des chaînes d'informations spéciales, comme CNN Moyen Orient, ou CNN Afrique, deux chaînes qui diffusent des programmes sans lien avec ceux de la «locale» sont lancées pour vendre avec quelques chaînes satellitaires du Golfe des «révoltes» promues «révolutions» et une nouvelle forme de guerre contre les peuples. Après les «black waters» en Irak, nous découvrons des «sous-traitants locaux» sous l'étiquette d'insurgés et des mercenaires sous celle de conseillers. Mission : faire l'éloge des droits de l'homme, des libertés démocratiques, du rôle des Etats-Unis dans le monde et fouler au pied les symboles des pays ciblés. Face à ce tsunami made in USA que faire ? Faut-il s'ouvrir, s'organiser, continuer à critiquer ce qui vient de l'Ouest ou faire comme si de rien n'était ?