La faillite occidentale se mesure à l'aune d'une fraude massive avérée et cautionnée par l'Otan et les forces de la coalition internationale. Tout comme la parfaite copie irakienne, grondant du syndrome de la vietnamisation rampante, le modèle afghan à l'américaine est dans de sales draps. Les craquements mettent à nu la construction d'un nouvel ordre à forts alibis démocratiques et, au mieux, humanitaires. Face à l'emprise croissante des talibans, maîtres de la réalité du terrain et assurément hégémonique à tous les niveaux de la vie quotidienne, la « désillusion » électorale s'est largement emparée d'un pays en déliquescence, rompue au cycle de violence jamais à l'arrêt et à l'emprise grandissante d'une insurrection triomphante. En une semaine, la présence des talibans s'est faite remarquée avec la quatrième attaque, perpétrée contre un convoi militaire (41 morts dont 35 civils et 45 blessés) dans la ville d'Apuri, non loin de la vallée du Swat vouée pourtant à une offensive généralisée. La faillite occidentale se mesure à l'aune d'une fraude massive avérée et cautionnée par l'Otan et les forces de la coalition internationale. Elle reste l'expression finale du désarroi qui impose la reconduction de Karazaï comme unique alternative à la crise institutionnelle et politique et au désordre interne. Même si Obama, pris dans l'étau des partisans du renforcement des troupes ou du refus d'un engagement supplémentaire, s'en remet à la nécessaire « stratégie globale », politique et militaire, pour « vaincre les talibans », les risques d'enlisement sont réels. Cette perspective s'accommode de tous les avatars d'un modèle en butte au discrédit et à l'absence de légitimité. La fraude électorale, évaluée à près de 1,5 million de bulletins de vote par l'Union européenne, y pourvoit pleinement en mal nécessaire pour aggraver le sentiment de désillusion démocratique. La crise politique se présente, à l'orée de l'annonce «d'ici 5 jours» de la validation indue de la reconduction de Karzaï ou du second tour problématique, à travers le désaveu du juge démissionnaire de l'ECC (commission électorale indépendante) accusant certains de ses collègues onusiens d'être «influencés par certains cercles étrangers» et de ne pas «respecter le vote du peuple». Cette même Ecc, désignée par le représentant des Nations unies, le Norvégien Kaï Eide, s'est rendue coupable, aux yeux de l'ancien adjoint américain, Galbraith, de vouloir cacher les preuves des fraudes électorales à grande échelle.Quel modèle de démocratie pour un Occident moralisateur à souhait et défaillant ?