Au Sahara occidental en lutte pour son droit légal et légitime à l'autodétermination, les frontières étanches du droit humanitaire se dressent en rempart aux valeurs de liberté et à la volonté d'indépendance d'un peuple livré à la bestialité de l'occupation coloniale, à la négation du fait national sahraoui et aux violations quotidiennes des droits de l'homme les plus élémentaires. Dans ce conflit de décolonisation oublié et assujetti à la logique de puissance et d'intérêts commerciaux, la montée au créneau des deux organisations françaises dites humanitaires confirme la partialité légendaire de l'Etat français dans la perception et le traitement de la question sahraouie acquis inconditionnellement aux thèses farfelues du Maroc colonial. Le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) qui dépend de la délégation catholique pour la coopération (DCC) use d'alibis grotesques pour taire la réalité du combat sahraoui occultée, des décennies durant, et fort opportunément révélée à l'opinion française par la délégation des élus et des parlementaires en visite dans les camps de réfugiés du dénuement et de la malnutrition. Peu d'entre eux savaient l'existence du mur de séparation qui symbolise au mieux la condition d'un peuple voué à l'errance et au déracinement, dans cet océan de détresse humaine, d'indifférence coupable et de solidarité sélective. Qui des deux organisations n'a jamais fait le pas des camps ou fait le geste humanitaire de conviction ? En posture instable, les deux organisations françaises ont le choix de la dénonciation de «méthode retenue» pour condamner le volontaire Jean François Debargue, séjournant depuis 2007 à Tindouf et se proclamant en «grève de la faim illimité» pour tenter d'attirer l'attention des autorités françaises. Mais, l'une et l'autre des humanitaires sont loin de se prévaloir du combat des valeurs et des convictions qui se rapprochent beaucoup plus des souffrances et des sacrifices d'un peuple digne, fier et en résistance contre toutes les formes d'oppression et d'injustice. Et si, dans l'esprit tortueux des deux comités à vocation humanitaire, la «radicalité» de la méthode va à l'encontre des «convictions des deux organisations», il est pour le moins clair que le système colonial en constitue la principale source largement ignorée par les ci-devant humanitaires de circonstances. C'est au cœur de la bataille des marchés commerciaux que niche la tartufferie humanitaire des grands coupables de tant de drames humains dans le monde. Quant aux larmes de crocodile…