Les événements se précipitent dangereusement . Trois jours après s'être offert des «pouvoirs exceptionnels» pour sauver «l'indépendance de la République menacée» et annoncé qu'il gouvernera par ordonnance et décret, Mamadou Tandja qui a dissous, le 26 mai dernier, le Parlement, lève les derniers écueils qui se dressent devant sa détermination à organiser un référendum constitutionnel, le 4 août prochain pour briguer un troisième mandat présidentiel. «Le référendum aura bien lieu et à la date prévue» déclare le ministre de l'Intérieur Albadé Abouba avant d'annoncer la prolongation de six mois des mandats des élus municipaux qui ont expiré hier, 30 juin. Première victime de Tandja: la Cour constitutionnelle qui s'est opposée le 25 mai et le 22 juin derniers à son projet de référendum constitutionnel du 4 août prochain qui lui permettra de rester au pouvoir trois ans après la fin de son mandat qui expire le 22 décembre prochain. Tandja a annulé la nomination des sept membres de la Cour qui sont, selon la Constitution de 1999, «élus pour 6 ans sont inamovibles». Selon le décret présidentiel, «pendant la durée de cette suspension, la Cour constitutionnelle est composée de trois personnalités ayant une grande expérience, désignées par le président de la République, trois magistrats proposés par le ministre de la Justice et un enseignant-chercheur titulaire d'un doctorat en droit proposé par le recteur de l'université de Niamey, après avis du président de la République». Comme pour réaffirmer sa détermination Tandja s'octroie le droit de nommer le nouveau président de ce «conseil». Deuxième victime : le gouvernement qui connaît un second remaniement depuis le 14 juin après le retrait des trois ministres de l'Alliance pour la démocratie et le progrès qui s'était élevé contre le référendum. Il a nommé lundi sept nouveaux ministres (Défense, Santé, Sports, Hydraulique, Intégration africaine, Ressources animales et Population), tous acquis à son projet de référendum constitutionnel, pour remplacer les ministres membres de la Convention démocratique et sociale (CDS), qui ont démissionné jeudi dernier pour «divergence d'appréciation» sur le référendum. Troisième victime : les médias. Le Conseil supérieur de la communication a fermé lundi après-midi radio télévision privée «Dounia». Motif : elle a diffusé l'appel du Front pour la défense de la démocratie (partis d'opposition, syndicats et autres associations) incitant l'armée à la «désobéissance». Un appel que l'Armée a reçu avec une certaine indifférence. Dans une déclaration de l'état-major des Forces armées, réaffirme sa neutralité, son caractère républicain et son refus d'être, dans l'actuel bras de fer politico-juridique entre le président et l'opposition, associé «à un quelconque débat politique» ou d'être «impliqué dans des actions déstabilisatrices». «Soucieuses de l'unité nationale, les forces de défense n'entendent nullement servir les intérêts partisans, par conséquent elles demandent aux différents acteurs de les exclure une fois pour toute du jeu politique et les invitent à privilégier la voie du dialogue et de la concertation en vue d'un apaisement de la situation» indique le communiqué de l'armée. L'opposition nigérienne qui dénonce un coup d'Etat appelle à appelle la population à déclarer aujourd'hui « journée pays mort». Objectif de cet appel qui pourrait être repris dimanche : paralyser le pays avec banques et marchés fermés. L'Union africaine craint des « dérapages. Les pays voisins membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest sont inquiets. Le Nigeria menace. Lundi, son vice-ministre des Affaires étrangères, Bagudu Hirse, a déclaré que son pays «ne tolèrera pas le plan du président Tandja». L'armée du Niger qui a une histoire riche en coups d'Etat restera elle longtemps neutre ?