Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH) reprend à son compte le rapport de 575 pages de Richard Goldstone sur l'offensive israélienne sur Ghaza. Réuni en session extraordinaire hier et avant-hier à son siège genevois à la demande de l'Autorité palestinienne, avec le soutien du groupe arabe, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), des non-alignés et des pays africains, il a adopté par 25 « oui », 6 « non » et « 11 » abstentions une résolution qui condamne l'absence de collaboration d'Israël à l'enquête menée par le juge sud-africain pour le compte des Nations unies. Il demande aussi au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI) de ce dossier si Israéliens et Palestiniens ne menaient pas eux-mêmes les investigations nécessaires. Les Palestiniens qui souffraient de « la politique de deux poids deux mesures » ont obtenu après l'appui du Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, celui de la haut-commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. En ouverture de la session extraordinaire jeudi, elle avait rappelé qu'« une culture de l'impunité continue de prévaloir dans les territoires occupés et en Israël ». Elle a demandé aux Etats membres de soutenir une « enquête impartiale, indépendante, rapide et réelle sur les violations des droits de l'homme et du droit humanitaire ». L'Autorité palestinienne qui avait, début du mois, accepté, sous la pression des Etats-Unis, le report au mois de mars de ce rapport qui accuse l'armée israélienne d'avoir commis des actes «assimilables à des crimes de guerre», voire à des «crimes contre l'humanité», avant de faire marche arrière après les critiques de Hamas et de Fatah, se félicite de cette décision. « Nous espérons que le rapport sera porté devant le Conseil de sécurité », déclare Saëb Erakat, le négociateur palestinien. Même réaction chez Hamas. « Nous espérons que ce vote conduira à un procès des chefs de l'occupation israélienne », déclare Taher al-Nounou, le porte-parole du parti rival de Fatah. Israël qui peut compter sur le véto américain à New York et sur le soutien de la France qui a demandé hier un report du vote pour discuter d'amendements de l'Union européenne, laisse croire qu'il a « peut-être perdu une bataille, mais pas la guerre ». Son ministre de l'Intérieur Eli Yishai a qualifié le vote du Conseil de «farce diplomatique». A New York, le Conseil de sécurité qui s'est réuni mercredi à la demande de la Libye, a invité l'Etat d'Israël à procéder à ses propres investigations sur les accusations figurant dans le rapport. Notamment sur l'usage d'une force disproportionnée pendant le conflit, l'assassinat délibérément des civils, utilisation des Palestiniens comme boucliers humains et destruction de l'infrastructure civile à Ghaza.