Photo : Slimene S.A. Le crédit financier a fait, hier, l'objet d'un débat au forum El Moudjahid avec la participation de spécialistes en économie, des représentants de banques, de la Caisse nationale assurance-chômage (CNAC) et des associations. Les interventions se sont focalisées sur les obstacles qui entravent l'application, sur le terrain, du dispositif du crédit financier. «Le crédit financier est une formule qui existe partout dans le monde mais contrairement à l'Algérie, il est géré par des institutions spécialisées avec la collaboration des associations. N'étant pas spécialisées dans ce domaine, nos institutions se contentent d'étudier les dossiers et de donner leurs accords en passant par le circuit bancaire traditionnel. Elles n'assurent pas le suivi des entreprises. Les pouvoirs publics ne s'intéressent pas à ce genre de dispositif mais ils sont obligés de s'y soumettre parce que la loi l'exige», affirme Djamel Djerad, spécialiste en économie. Cependant, explique-t-il, s'il existait des institutions spécialisées dans le crédit financier, il y aurait eu un meilleur suivi et un contrôle de performance des entreprises. La non-spécialisation dans le crédit financier crée, poursuit-il, un fossé entre les institutions et les jeunes promoteurs qui habitent les régions isolées. «Les institutions spécialisées dans les autres pays n'ont pas ce genre de problèmes. Pour une meilleure exploitation de leurs biens, elles se déplacent, avec le soutien des associations notamment, dans les régions reculées pour se rapprocher des démunis. Les bénéficiaires du crédit financier sont également mis en cause car, reprend M. Djerad, ils ne font pas la différence entre le financement du projet et leur vie sociale. «Certes, nous finançons des projets. Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas encore vu une étude sur l'incidence de ces entreprises sur l'économie et le nombre d'emplois créés». La représentante de la CNAC, Halima Karman, répond à cette intervention en affirmant que contrairement à ce qu'on le croit, des études sur les réalités du marché ont été faites. «Nous collaborons, en outre, avec des associations pour attirer les chômeurs habitant les régions isolés», assure-t-elle en annonçant la signature d'une convention avec l'association des femmes algériennes chefs d'entreprise. Concernant le suivi des projets qui constitue, selon M. Djerad, l'un des maillons faibles du crédit financier, elle soutient que les promoteurs sont accompagnés dans leur projet du début à la fin et sont suivis par des spécialistes durant trois ans. Les promoteurs bénéficient en plus d'une formation sur la gestion d'entreprise avant l'octroi de leur financement. Toutefois, insiste Aziza Bouri, spécialiste en économie, «il est vrai que la non-existence des institutions spécialisées dans le micro financier est une contrainte, surtout au niveau de la réglementation qui ne définit pas l'exercice du micro financier».