Les dégâts sont désastreux pour l'environnement. Une magnifique forêt meuble la route qui relie les deux communes de Aïn Smara et Constantine près de l'institut de l'INATA. Malheureusement, ce joli coin comme d'autres d'ailleurs, est menacé par des tonnes de gravats qui s'entassent tout au long des fossés qui bordent la route. Il faut dire que depuis plusieurs années, des remblais de décombres jonchent d'autres espaces sur l'ensemble de la wilaya et de plus en plus de citoyens prennent l'habitude de déverser leurs déchets dans les terrains vagues et non surveillés. Une conduite immorale et incivique car le phénomène est en train de se généraliser même au centre-ville où des tas de sacs de gravats hantent certains quartiers. Dans les cités du 20-Août 1955 ou Boussouf par exemple, c'est derrière les immeubles que ces infractions sont commises par les habitants. Des cailloux, des pièces métalliques, du ciment et autres matériaux jonchent le sol, représentant un réel danger pour la santé des habitants et surtout des enfants. Du côté de la Direction de l'environnement de Constantine, on connaît très bien le problème. «Il existe bien une police de l'environnement qui sévit contre les gros pollueurs, comme les entreprises. Généralement, c'est pendant la nuit que les gens agissent », nous révèle Mme Kef de la Direction de l'environnement. Mais comme il n'y a pas de décharge au centre-ville, les dégâts sont bien évidemment désastreux pour l'environnement, à tel point que dans certaines rues, les sacs de débris et autres déchets polluent les trottoirs durant des mois, car les services de la voirie ne les ramassent pas. Et dans ce cas, il faut alors attendre une action volontaire des habitants des quartiers pour nettoyer les lieux. Selon Mme Kef, il semblerait que le problème s'est aggravé depuis la fermeture de l'ancienne décharge «Gance» qui se trouve sur les hauteurs de la ville, au Faubourg Lamy. «C'est aux APC de faire le contrôle, mais je dirais aussi que depuis la fermeture de l'ancienne carrière Gans, beaucoup de citoyens et d'entrepreneurs ne trouvent pas où décharger leurs gravats. Nous avons néanmoins ouvert une autre décharge située à la nouvelle ville Ali Mendjeli, mais elle ne peut pas pour le moment contenir tous les déchets de la ville». Cette décharge est en fait une autre ancienne carrière, qui a été mise en service récemment pour remplacer la décharge de «Gance» et contenir une partie des déchets de la ville. Pourtant, cette décharge est rarement utilisée, seulement quelques grandes entreprises de construction utilisant son sol pour se débarrasser des décombres. Mme Kef explique que c'est à cause «du manque de communication mais surtout des redevances» que les gens ne jettent pas leur débris dans les décharges contrôlées. «Les propriétaires de villas construisent à coûts de milliards mais ne veulent pas payer une taxe de 2000 dinars». En dehors d'un contrôle strict et d'une politique de sensibilisation, d'autres solutions existent, selon Mme Kef, qui suggère de mettre en place plus de moyens, comme la multiplication des décharges. «Nous demandons aux communes de choisir un site et faire un arrêté municipal pour l'ouverture d'une décharge conforme. Ceci dit, pour vraiment réparer les dégâts, il faudrait deux décharges dans chaque commune, une pour les particuliers et une autre pour les entreprises». En attendant, l'APC de Constantine n'a-t-elle pas les moyens d'installer des bennes à gravats comme cela se fait dans les pays européens ?