Alger était belle à voir dans la nuit de samedi à dimanche. Le port scintillait de mille feux à l'occasion de la célébration du cinquante-cinquième anniversaire du 1er novembre 1954. Durant toute la soirée de samedi, des chants patriotiques se faisaient entendre de partout dans la capitale tandis qu'à la salle Atlas, l'orchestre symphonique national jouait des airs patriotiques, signés par d'illustres poètes et compositeurs algériens. Un concert que le public pouvait voir en direct à travers l'écran géant installé au centre de la place El Kitani, à Bab El Oued. La place était surpeuplée. Hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes étaient rassemblés autour d'une scène, mise en place pour la circonstance pour accueillir les artistes. La chorale de Alhane oua chabab l'occupera, assistée par l'orchestre de la Garde républicaine (Haress el Djemhouri), pour rendre hommage en vers et en musique au combat de l'Algérie et au sacrifice de ses enfants au nom de la liberté. A minuit, l'ambiance change de tout en tout. Le côté «solennel» des festivités fait place à la joie pure et simple. Du côté du port, fidèles au rituel, les canons se préparent à charger pour «cracher de feu». Une vingtaine de coups de canons explosent dans le ciel. Les sirènes des bateaux se mêlent au son des explosions produisant un melting-pot de «mélodies» des plus éclatantes. A la place El Kitani, le public se détourne de la scène pour profiter pleinement des feux d'artifice qu'on s'apprêtait à lancer. Les premiers éclats déchirent le ciel dans une explosion de couleurs, sous les regards et cris admiratifs. Des poussières multicolores emplissent l'air avant de couvrir les surfaces. Au niveau de Riad El Feth, le même spectacle est reproduit. Les feux d'artifice dessinent des arabesques dans le ciel et rehaussent par ses lumières l'éclat naturel de la baie d'Alger. Au même moment, des jeunes, à bord de leurs voitures, ont défilé dans les rues d'Alger. Les festivités et manifestations de joie se sont poursuivies jusque tard dans la soirée.