Santé n Pratique éprouvée de la médecine alternative pour ses adeptes ou simple filouterie pour ses détracteurs, el-hidjama, le cupping ou encore la saignée par ventouse est devenue, ces dernières années, un fait de société. Apanage des vieux barbiers de village et des herboristes traditionnels jusqu'à récemment, cette vieille thérapie est aujourd'hui exercée par des professionnels de la médecine moderne. Consistant en des incisions superficielles à des endroits précis de la peau dont le sang est aspiré par des ventouses vidées d'air, cette thérapie était déjà utilisée depuis des millénaires par les Assyriens, les Egyptiens et les Aztèques en Amérique du Sud. A Batna, Barika, Aïn Touta et ailleurs, de nombreux généralistes privés n'hésitent plus à annoncer, sur la même plaque mentionnant la faculté de médecine de leur formation, leur offre de service spécial hidjama. A 900 DA la séance, cet acte chirurgical, «plus ou moins simple», leur rapporte bien plus qu'une ordinaire consultation médicale de 400 DA. Pour les malades, le fait de se faire scarifier par un médecin est plus rassurant que chez les scarificateurs traditionnels. De plus, des médecins femmes prodiguent ce soin aux femmes, et des médecins hommes à leurs pairs, assure-t-on. Toutefois, ce ne sont toujours pas des médecins qui proposent la hidjama. Des herboristes traditionnels, des raqis (guérisseurs par le verbe sacré du Saint Coran) et bien d'autres charlatans, sans profil aucun, pratiquent cette thérapie, qui demeure par définition un acte chirurgical, faisant fi de toute notion d'hygiène. Eu égard à ces opérations pouvant être dangereuses pour la santé des citoyens, les services de santé publique ont déposé plainte, il y a quelques mois, contre «un homme retrouvé en train de scarifier avec la même lame plusieurs personnes dans la ville de Barika (100 000 habitants)», affirme le chef du service de la prévention à la direction de la santé. Dans les faits, la médecine occidentale moderne lui reconnaît une efficacité prouvée contre la polycythémie, l'hémochromatose, l'hypertension, l'asthme, les troubles nerveux et certains cas d'apoplexie. Elle aurait également des effets bénéfiques exceptionnels après une chirurgie plastique.