Photo: Fouad S. Au deuxième jour de la grève d'une semaine déclenchée dans le secteur de l'Education nationale, le bras de fer persiste entre les syndicats et la tutelle. Au milieu, des parents toujours inquiets. Au niveau de l'école primaire de la Liberté (Alger centre), seuls quelques enseignantes ont assuré les cours. Les autres ont suivi le mot de grève lancé par les trois syndicats (CNAPEST, SNAPEST, UNPEF) auquel s'est joint hier le Conseil des lycées d'Algérie (CLA). A l'école d'El-Miaradj à Alger centre, les quelques parents d'élèves rencontrés sur place sont en colère. Ils veulent plus d'informations concernant cette grève, notamment s'il faut à chaque fois accompagner leurs enfants à l'école puis attendre la décision de l'administration pour les garder ou pas. Une situation qui a fait sortir de ses gonds cette mère d'une écolière de 6 ans. « Qu'on nous informe sur ce qu'on doit faire», clame- t-elle. Et d'ajouter : «Ils n'ont aucune considération pour les enfants, ils font grève, ne nous informent pas et nos enfants se retrouvent face aux dangers de la rue », crie-t-elle en montrant du doigt le petit Reda Brahimi, 7 ans, en deuxième année. L'enfant est tombé devant le portail de l'école. Son visage est en sang. « Le directeur de l'école a refusé de le faire transporter au dispensaire », affirme la dame. « Ils n'ont pas le droit de faire sortir les enfants, voilà les conséquences de tels comportements», tempête une mère d'une fille en classe préparatoire. Plus bas, c'est le CEM Harichet, ce sont les collégiens qui manifestent leur désarroi. Brahim B. et Nesrine K, 16 ans chacun, se plaignent de la surcharge des cours et du manque de récréation. « Tous les jours, on a des cours de 8 heures jusqu'à 17 heures, sauf le mardi, on termine à 12 heures », dira Brahim. Nesrine enchaîne en parlant de la majorité des parents qui ne sont pas d'accord pour l'emploi du temps jugé trop chargé. « Avant, les cours étaient terminés à 16 heures, ce qui permettait aux élèves de souffler un peu », a ajouté Brahim. Pour Nesrine, ce sont plutôt les élèves, notamment du moyen et du secondaire, qui doivent faire grève à cause des multiples problèmes qu'ils vivent quotidiennement. Au CEM Pasteur, « six classes seulement sur les cinquante n'ont pas fait grève », indique le surveillant général. Au lycée Kheiredine Babarroudj, Ayoub, Tamani et Fella, tous en première année en sciences de la vie et de la terre, sont adossées au mur face à l'établissement. « C'est la grève totale », dira Ayoub. « Normal », enchaîne Fella, « le salaire des enseignants est dérisoire, il faut qu'ils se battent pour leur dignité ». Ces jeunes ont également soulevé le problème de la surcharge des cours et les nombreuses agressions dont sont sujettes les filles après leur sortie du lycée à 17 heures 30. Côté syndicat, Meziane Meriane, porte-parole du Syndicat autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), le taux de suivi de cette grève est de 100%. A propos d'un éventuel arrêt de la grève, M. Meriane soutient que c'est l'assemblée générale qui se tiendra en fin de semaine d'en décider. Pour Mme Oldache, représentante du CLA à Bab El-Oued, la tutelle doit collaborer avec tous les syndicats pour trouver des solutions qui arrangent toutes les parties, a-t-elle indiqué. Quant à l'UNPEF, son président Sadek D'ziri a regretté que le ministère de l'Education nationale réponde à cette grève par une directive envoyée à tous les établissements scolaires leur demandant d'informer les enseignants en débrayage de la défalcation de ces jours de grève de leurs salaires. «On attendait à ce que les portes du dialogue nous soient ouvertes, mais le ministère a eu recours au procédé d'intimidation », affirme M. D'ziri qui précise que c'est son syndicat qui a demandé à ce que les jours de grève soient déduits des salaires des grévistes pour éviter toute polémique.