L'écrivain- journaliste Tahar Djaout a passé l'essentiel de sa carrière à l'hebdomadaire Algérie Actualité après un début à El Moudjahid. De Novembre 1979 à Novembre 1992, sa signature était fréquente dans la rubrique culturelle qu'il dirigea par intermittence. Mais lorsque en 1984, il séjourna à Paris pour préparer un diplôme supérieur en sciences de l'information, il compta parmi les collaborateurs d'un autre hebdomadaire. «Actualité de l'émigration», organe de l'amicale des algériens en Europe puis la place de «L'Algérien en Europe». A l'image de l'amicale qui cherchait à se donner un nouveau souffle, son organe d'information s'était alors rajeuni sous la houlette de Abdelkader Djeghloul. Le sociologue était aussi en détachement dans la capitale française et fit appel à Djaout. C'est l'ensemble des articles de l'auteur de ‘'L'exproprié'' qui ont été réunis. Le livre a été déjà publié en 2003 et vient de bénéficier d'une réédition chez Alpha. S'étalant de Mai 1986 à Mars 87, les articles révèlent surtout un lecteur vorace, éclectique et une ouverture à toutes les expressions. Hormis quelques couvertures des activités du centre culturel algérien, nous avons davantage affaire à un homme qui veut partager son amour des livres. Il est autant à l'aise dans l'évocation de Soyinka à qui fut attribué le Nobel de littérature que des jeunes auteurs beurs. Il consacrera d'ailleurs une courte étude à ces jeunes, qui sera donnée sous forme de conférence plus tard lors des poésiades de Bejaia. Djaout avait à cœur de rendre compte de tous les écrits qui paraissaient sur le Maghreb ; son histoire, sa culture. Il se rapprochait des hommes qui avaient un intérêt ou un amour pour cette terre. Si Djaout écrit peu sur le cinéma, une autre de ses passions, il présenta par contre, les nouvelles publications. Il s'intéresse tantôt à celles qui paraissent au pays, tantôt à celles des maisons d'édition françaises. Le recueil de Djeghloul permet au lecteur de découvrir un journaliste, dont la plume ne se trempe jamais dans le fiel des récriminations. Djeghloul écrit à juste titre dans que «Tahar Djaout n'écrit jamais pour encenser ni pour démolir. Les articles qu'il juge sans intérêt, il préfère ne pas se contraindre à les évoquer». On trouve pourtant, des livres qu'il n'aime pas mais il avait toujours cette manière d'enrober ses remarques dans des formules suaves et mesurées. Il sera notamment sévère avec le livre de Christiane Achour consacré à Mouloud Feraoun qu'il jugera «inamical». Notons que l'essai se conclut sur la lecture que fait Djeghloul des «chercheurs d'os» qui avait à sa parution en 1984, consacré Djaout comme une des valeurs sûres de la littérature algérienne. Fragments d'itinéraire journalistique Essai 154 pages