Il y a quinze années, le poète et écrivain Tahar Djaout, fut assassiné au volant de sa voiture pas loin de son immeuble populaire de Aïn Benian à l'ouest d'Alger, un 26 mai 1993. Tahar Djaout qui était au volant de sa voiture, ouvrit sa vitre au moment où il entendit quelqu'un l'appeler. Il recevra plusieurs balles au niveau de son cerveau et sera évacué à l'hôpital, il séjournera durant sept jours au service de réanimation.La nouvelle de sa mort qui ouvrit ainsi la longue liste macabre des assassinats d'intellectuels, de journalistes et d'hommes de culture, avait mis en émoi tous ceux qui étaient du côté de “ l'Algérie qui avance”, l'un des derniers pamphlets du poète, raconté dans Rupture, -un journal qu'il a fondé avec un groupe de journalistes dont Djaad- et qui lui a valu selon certains, le trépas.Encore peu connu par cette génération, Tahar Djaout qui avait endossé le métier de poète, d'écrivain et de journaliste, est une figure incontournable de la littérature algérienne, en ce sens que ces écrits sont d'une esthétique et d'une justesse incommensurable.L'association culturelle, Tusna (le savoir) a organisé entre le 17 et 23 mai dernier à Aïn el-Hammam, un hommage au défunt poète, Tahar Djaout. De son côté la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou avait initié plusieurs activités culturelles pour commémorer le quinzième anniversaire du décès du poète disparu, dont des conférences, expositions de livres, de peintures, de caricatures et récitals poétiques. Plusieurs personnalités du monde journalistique et littéraire dont Rachid Boudjedra, Omar Belhouchet, directeur du journal El Watan, Mohamed Balhi et le directeur de la Bibliothèque nationale et écrivain Amin Zaoui, ont pris part à cette manifestation dans laquelle était prévu un recueillement prévu sur la tombe du journaliste et homme de lettres, dans son village natal d'Oulkhou (Azeffoun). “Comment vêtir l'absence autrement que par les mots à la présenter corps ou cadavre ? ”, s'interrogeait l'écrivain dans L'Invention du “ désert ”. Quinze ans après son assassinat, le verbe du poète n'a rien perdu de sa superbe et nombre d'initiatives rendent régulièrement hommage à cette figure incontournable des lettres algériennes. Né avec le déclenchement de la guerre d'indépendance, l'ancien étudiant en mathématiques, puis en sciences de l'information et de la communication à l'Université d'Alger, se considérait “ avant tout comme un poète qui écrit aussi des romans ”. Et ses livres sont autant de balises dans sa prise de parole et le roman de sa propre vie. Tahar Djaout a également exercé ses talents de chroniqueur littéraire, dans le quotidien El Moudjahid, puis, à partir des années 80, d'observateur avisé de la vie littéraire et artistique dans les colonnes de l'hebdomadaire Algérie-Actualité. C'est dans l'édition datée du 25 mai 1993 qu'a paru son fameux éditorial intitulé “ La famille qui avance et la famille qui recule ”. Le poète qui clamait “ J'entends monter de vous / la rumeur des fleuves / et sourdre dans le sein / de vos squelettes têtus / le refus de hisser / le pavillon du silence ” (Espoir) ; celui qui n'hésitait pas à écrire “Désormais / vos balles ne me font plus peur / et je vais à l'ombre de vos mitraillades / bouffer ma colère végétale ” (Solstice barbelé), a été fauché au moment culminant de sa vie de poète et d'insoumis.