Les Palestiniens n'ont pas appelé hier, 15 novembre, 21e anniversaire de la proclamation à Alger par Yasser Arafat de l'indépendance palestinienne, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies à soutenir la création d'un Etat palestinien indépendant dont les frontières seraient celles du 4 juin 1967 et Qods-est la capitale. La raison ? Les Israéliens qui pressent les Palestiniens de renouer dès que possible, le dialogue sans pré-condition, s'y opposent et accusent les dirigeants palestiniens de « jouer avec le feu ». «Rien ne peut se substituer à des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne et toute voie unilatérale ne pourra que défaire le cadre des accords conclus entre nous et entraîner des mesures unilatérales de la partie israélienne» déclare Benyamin Netanyahu qui pratique comme ses prédécesseurs une politique… unilatérale». Gilad Erdan, le ministre de l'Environnement qui a compris que son gouvernement veut annuler les accords de paix d'Oslo de 1993, se fait plus explicite. «Israël pourrait annexer les colonies de Cisjordanie où se trouvent les grands blocs d'implantations juives, stopper les transferts d'argent dus à l'Autorité palestinienne et rétablir un certain nombre de barrages routiers retirés» dit-il, redoutant un soutien croissant à cette initiative si le processus de paix reste encore bloqué. «Israël cherche des prétextes et des excuses pour s'opposer à l'établissement d'un Etat palestinien» estime Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de Mahmoud Abbas, qualifiant «les mises en garde» de Netanyahu d'«aveux» que son gouvernement «ne veut pas la paix. «Il y a une différence entre préparer la proclamation d'un état et le proclamer effectivement » déclarent les Palestiniens espérant que leur « manœuvre » poussera l'administration Obama à forcer Israël à geler totalement la construction dans les implantations. Selon Saëb Erakat, le principal négociateur palestinien, il s'agit surtout de sauvegarder la solution fondée sur le principe de coexistence pacifique de deux Etats et de formaliser le soutien de la communauté internationale aux aspirations palestiniennes en matière de souveraineté. « Saisir le Conseil de sécurité en vue d'une résolution reconnaissant un Etat palestinien indépendant (...) n'a rien à voir avec une déclaration d'indépendance unilatérale», dit-il. Selon les analystes, les Palestiniens qui ont été échaudés par 18 années de négociations en pointillés, ne peuvent aujourd'hui contourner la stratégie des israéliens qu'en obtenant une reconnaissance des Nations unies conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Mahmoud Abbas qui part en tournée en Amérique latine la semaine prochaine cherchera t-il un soutien à un état que Salam Fayyad, son Premier ministre, veut bâtir d'ici 2011 sans attendre l'issue des négociations avec Israël et mesurer jusqu'où la communauté internationale est prête à le soutenir dans son bras de fer contre Netanyahu et Hamas qui veut depuis qu'il contrôle Ghaza «établir un état dans l'état» ? «Nous allons bien préparer cela, en ayant des discussions politiques et diplomatiques. Nous voulons que le Conseil de sécurité n'en débatte qu'une fois que nous aurons reçu des garanties», affirme Nimr Hamad, un conseiller de Mahmoud Abbas. Pour preuve, l'Autorité palestinienne a demandé officiellement hier à l'Union européenne de soutenir sa démarche en vue d'une reconnaissance par le Conseil de sécurité d'un Etat palestinien indépendant. Des demandes similaires pour une reconnaissance de deux états dans les frontières de 1967 seront adressées prochainement aux Russes, Américains et aux groupes, africain, latin, asiatique. Selon Nabil Shaath, un proche de Abbas, certains Etats européens qui n'ont pas reconnu la Palestine en 1988 « sont maintenant prêts à examiner sérieusement cette question » et à « reconnaître un Etat palestinien » qui rendrait le peuplement et les activités israéliennes illégitimes.