Au coup de sifflet final de l'arbitre, le Cairo Stadium sanglé en rouge de la haine a fêté, comme il se doit, la victoire de l'indignité voulue par le régime des casseurs et des corréligionnaires meublant les studios et les écrans rangés, toutes sensibilités confondues, en ordre serré. Pas une seule voix pour stopper la machine infernale. Pas un traître geste de compassion et de solidarité ; rêvons, vous le voulez bien, pour les victimes malgré eux de la fraternité belliqueuse des pharaons malades de l'ère nostalgique de la grandeur perdue. Si le cauchemar a décampé de l'arène égyptienne, rien n'est donc fini pour les fossoyeurs d'une si belle amitié gravement dévoyée à force de clichés trompeurs, de préjugés inqualifiables, de vérités historiques tronquées, d'un égo-centrisme ravageur et d'une vision manichéenne à œillères fortement ancrées. Tout est fini ? A deux jours de la fin de la partie, la guerre politico-médiatique à l'égyptienne ne désarme pas pour tenter de commercialiser le produit périmé de la victimisation du coupable et, au mieux, minimiser la portée de la forfaiture armée de passivité d'un Etat tenu, par les garanties écrites de la Fifa, quand bien même d'assurer la sécurité de ressortissants étrangers, et celle de ses services de sécurité mobilisés pour «laisser-faire, laisser-passer» le carnage à ciel ouvert. Car, quel qu'en soit le prix, il a été décrété que la bataille de la succession de Blatter à lui-même autorisé la conjuration anti-algérienne des faussaires de la Confédération africaine, de la Fédération égyptienne et de la burlesque Fédération internationale de football. A deux jours de la tragédie du Caire, la chaîne satellitaire égyptienne, dirigée par l'ancien rédacteur en chef de Rose-El-Youssef, Mohamed Hani, a continué à sévir. Dans l'émission «Beit beitek» du lundi soir, conçue pour émettre 5 fois par semaine un programme centré sur les difficultés de la vie quotidienne du peuple égyptien, le mépris souverain de l'autre (comprendre l'Algérien), s'affichait béatement, par-devant l'illustre invité, en la personne d'un ministre de la République, pour déverser un flot mensonger des « mounaouachet» (chamailleries) propres à toutes les compétitions à grand enjeu, de la responsabilité des ministres et de l'ambassadeur algérien accusés de dépassement de leurs prérogatives (sic !), du rôle malveillant d'une partie de la presse algérienne, et, last but not least, des scènes de saccageries des immeubles et des sièges de l'entreprise égyptienne de téléphonie mobile. Le caillassage en règle du bus de l'équipe nationale, en aller-retour, et la chasse à l'algérien organisée au départ du Cairo Stadium que le monde a observé sur le Net et sur les chaînes internationales n'ont jamais eu lieu. Les scènes de la forfaiture, admises par tous, y compris par l'envoyé spécial de la Fifa, victime à son corps défendant des jets de pierres sur le chemin du retour, ne font pas partie du programme. Pour toute volonté d'apaisement, l'animateur a consenti à destination des «jamahirs» égyptiens, précisera-t-il, le seul message d'apaisement pour plaider la cause des 4 milliards de dollars d'intérêts commerciaux et financiers des entreprises égyptiennes implantées en Algérie. La leçon de l'expédition punitive du Cairo Stadium nous renseigne sur l'urgence égyptienne, maladivement ancrée, du ticket de Johannesburg. Les lendemains traumatisants nous éclairent davantage sur l'autre forme de brigandage : la bourse et la vie. L'Algérie novembrienne de l'humanisme, de la dignité humaine et de la solidarité avec les «damnés de la terre», où qu'il soit, érigeant le rempart de la civilisation en marche contre la barbarie, vaut plus qu'un mondial en rond de cuir, suintant l'affairisme des maîtres du marché juteux du foot en alliance avec les tenants du défaitisme du siècle de la décadence arabe. Cette Algérie de la fierté ombrageuse ne doit pas céder au piège du Caire affectant «l'homme malade», en Palestine occupée et en Irak démembré, mais aussi alimenté par l'esprit revanchard mutilatoire. Les pierres de la haine en rouge instrumentalisée auront-ils raison de la beauté des fleurs de Blida sentant bon l'espoir en vert ? Ne l'oublions pas à Alger et faites-le à Khartoum.