Sans conclure à l'échec des discussions avec l'Iran, les «cinq plus un»- ils attendent toujours une réponse à leur offre du 21 octobre dernier - haussent le ton après le dernier rapport en demi teinte de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. Comme pour ajouter la pression, l'institution onusienne que dirige Mohamed ElBaradei, demande dans un rapport publié lundi « plus de clarifications » sur l'objectif du second site d'enrichissement de Fordo, situé près de Qom et que l'Iran avait omis de déclarer avant septembre dernier. Selon Téhéran le premier coup de pioche de cette usine date de 2007. L'agence met en question la chronologie du site. Selon elle, le chantier a débuté en 2002 avant de reprendre en 2006 après une pause de deux ans. Cela «soulève la question de l'existence d'autres installations nucléaires qui n'auraient pas encore été révélées» écrit le rapport. Les «six» lui demandent de «s'engager de manière constructive» avec eux» et de «coopérer pleinement» avec l'Agence avant qu'il ne soit trop tard. Même la Chine et la Russie, traditionnellement très réticentes à des sanctions, semblent avoir opté pour «la diplomatie des menaces et de la pression». Elles pressent l'Iran «répondre positivement à la proposition» de l'AIEA s'il ne souhaite pas assumer «les conséquences» d'un blocage. «L'Iran va continuer à exercer son droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, y compris l'enrichissement d'uranium» répète pour la énième fois, Ali Asghar Soltanieh, le représentant iranien auprès de l'AIEA qualifiant les demandes de «clarifications» de la part de l'AIEA de «répétitives». Dans les chancelleries, les menaces de nouvelles sanctions sont d'actualité. «La République islamique d'Iran doit fournir des assurances à la communauté internationale selon lesquelles son programme nucléaire est pacifique et transparent» affirme depuis Pékin, Barack Obama. «Nous sommes prêts à aller plus loin (...) Si nous échouons dans les négociations, d'autres options sont ouvertes» affirme Dmitri Medvedev, le président russe, rejetant tout lien entre les atermoiements iraniens et le report de la mise en service de la centrale nucléaire de Bouchehr, aux alentours du Nouvel an iranien, en mars 2010. Paris appelle Téhéran à «faire très rapidement le choix de la coopération». TÉHÉRAN SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID L'Iran qui a répondu positivement fin octobre, à la proposition de l'AIEA a revu sa position le 7 novembre dernier : le président de la commission des Affaires étrangères du parlement iranien a écarté l'offre des six avant de revenir deux jours plus tard, affirmer qu'elle est toujours sur la table. Divisions à Téhéran avancent des analystes pour expliquer ces atermoiements. Depuis Téhéran réclame des négociations sur le compromis des «cinq plus un». L'AIEA a proposé aux iraniens le transfert d'une grande partie de leurs 1.763 kilos d'uranium faiblement enrichi (3,5%) en Russie pour y être enrichi à 20 % avant de le transformer en France en combustible pour son réacteur de recherche à Téhéran. Elle lui a proposé aussi d'envoyer son uranium enrichi pour stockage en Turquie. Depuis, Téhéran cherche à discuter sur le volume d'uranium à transférer et avoir les garanties qu'il lui sera rendues. Des responsables et médias iraniens ont évoqué mais en vain, l'idée que l'échange se fasse en deux étapes. Transfert en deux étapes de 400 à 800 kg d'uranium enrichi à 3,5% à l'étranger, pour obtenir environ 120 kilos de combustible enrichi à 20%. «S'il y a un accord dans ce domaine, nous prendrons d'abord le combustible à 20% et enverrons ensuite l'uranium enrichi à 3,5%» affirme Parviz Davoudi, l'ancien premier vice-président et conseiller suprême du président Mahmoud Ahmadinejad. Pour échapper aux conséquences d'éventuelles sanctions- le département d'Etat américain, parle de fenêtres d'opportunités offertes à l'Iran en train de se refermer- le ministre du Pétrole, Masoud Mirkazemi, annonce une augmentation immédiate de la production d'essence (14 millions de litres par jour).